La Peste

La Peste Eléments Littéraires

Genre

Fiction

Configuration et Contexte

Oran, une ville française d'Afrique du Nord, au cours des années 1940 (l'année spécifique n'est pas précisée).

Narrateur et Point de Vue

Omniscient, à la première personne ; le narrateur utilise ses propres observations, les récits des autres et les documents qu'on lui a fournis.

Tonalités

Ton : direct, objectif, détaché, prémonitoire, calme
Humeur : enfermante, épuisante, futile, agitée, fataliste

Personnages et Antagonistes

Protagonistes : Rieux et tous les habitants de la ville. Antagoniste : la peste

Conflit Principal

La peste se retirera-t-elle un jour de la ville d'Oran ? Les personnages principaux en sortiront-ils indemnes ?

Climax

Le roman atteint son point culminant avec la mort du jeune Othon, qui constitue un terrible et long moment de crise pour Rieux, Paneloux et Tarrou.

Présage

1. Camus annonce la peste à venir par les signes étranges qui la précèdent, comme les rats morts.
2. Les commentaires étranges de Cottard tels que “C'est un bon garçon, il peut témoigner” (55) préfigurent la connaissance éventuelle de son passé criminel.
3. Lorsque Tarrou écrit dans son journal, notant sa fatigue, cela présage de sa maladie.

Atténuation

1. “Ce qui est le plus original dans notre ville est la difficulté qu'on peut y trouver à mourir” (13).
2. “Ah! monsieur s’occupe aussi d’affaires ?” (134). (Le tenancier du bar utilise cette litote lorsqu'il interroge Cottard sur Rambert ; “affaires” est une façon discrète de désigner la contrebande).
3. “Les bubons, et qu’on en finisse!” (169). (C'est ce que disent les habitants de la ville à propos de la peste qui détruit leurs vies).

Allusions

1. Procope (41) : érudit byzantin et historien majeur de son époque, né vers l'an 500 de notre ère et ayant vécu dans l'est de l'Empire romain.
2. Stigmates (87) : les marques laissées sur le corps de Jésus après la crucifixion ; lorsqu'elles apparaissent, elles sont censées être des signes de faveur ou de puissance divine.
3. L'Exode et la peste d'Égypte (91) : l'histoire biblique des Juifs, peuple élu, qui ont été sauvés des ravages de la peste à la faveur de Dieu.
4. La Légende dorée (92) : une collection médiévale d'hagiographies écrite par Jacobus de Voragine.
5. Jeanne d'Arc (140) : une paysanne française du Moyen- ge qui croyait avoir la faveur de Dieu, fut une héroïne de guerre et une martyre, puis canonisée comme sainte.
6. Orphée et Eurydice (183) : le mythe grec d'Orphée, qui voyage aux Enfers pour retrouver son amour Eurydice.

Images

L'image la plus puissante est celle de la peste comme un être sensible, qui traque la population et affecte tous les aspects de sa vie. Camus utilise également des images pour décrire l'enfer que représente la vie à Oran pendant la peste – chaleur, vent, tempête et grêle – et la douleur causée par la maladie – comme dans la scène de la mort du fils d'Othon.

Parodie

1. Le père Paneloux dit dans son sermon : “Ce fléau même qui vous meurtrit, il vous élève et vous montre la voie.” (94).
2. Tarrou dit à Rieux que ses “victoires seront toujours provisoires” et Rieux admet qu'il le sait mais que “ce n'est pas une raison pour cesser de lutter.” (121).
3. Tarrou s'interroge : “Peut-on être un saint sans Dieu ?” (230).

Parallélismes

Il peut y avoir un parallélisme entre la propagation du fascisme et celle de la peste (selon certains critiques) ; on peut l'observer dans la façon dont elle commence petit à petit, touche n’importe qui et presque tout le monde, est insidieuse, impossible à éliminer, etc.

Métonymies et Synecdoques

N/A

Personnifications

1. “On peut seulement regretter qu’elle se soit construite en tournant le dos à cette baie” (13).
2. “La bêtise insiste toujours” (40).
3. “Si l’épidémie ne s’arrêtait pas d’elle-même, elle ne serait pas vaincue” (60).
4. “... en éprouvant les blessures que finalement l’imagination inflige à ceux qui lui font confiance.” (71).
5. “(...) le commerce, lui aussi, était mort de la peste.” (76).
6. “Les branches des ficus et des palmiers pendaient, immobiles, grises de poussière, autour d’une statue de la République” (83).
7. “Rieux écoutait en même temps une sorte de bourdonnement confus qui, dans la ville, semblait répondre aux sifflements du fléau.” (99).
8. “Le soleil poursuivait nos concitoyens dans tous les coins de rues et, s’ils s’arrêtaient, il les frappait alors.” (106).
9. “(...) il semble que la peste suspende un instant son effort et reprenne son souffle.” (112).
10. “Dans le ciel progressaient de petits nuages blancs et ronds que, tout à l’heure, la montée de la chaleur avalerait d’un coup.” (140).
11. “On compatit très bien avec des gens qui vivent dans l’idée que la peste peut, du jour au lendemain, leur mettre la main sur l’épaule” (181).
12. “Nous la [la peste] connaissions mieux pour l’avoir vue tant de fois s’asseoir à notre table ou au chevet de ceux que nous aimions, marcher près de nous et attendre notre venue aux lieux de travail” (202).