La Peste

La Peste Guide d'Etude

Albert Camus est l'un des écrivains les plus célèbres du XXe siècle et La Peste (1947) est l'un de ses plus grands chefs-d'œuvre. Situé dans la colonie française d'Oran, en Afrique du Nord, le roman raconte la confrontation des habitants de la ville à une soudaine épidémie de peste bubonique.

Camus a probablement commencé à écrire ce roman en 1941, un an après la défaite de la France contre les nazis lors de la Seconde Guerre mondiale. Il vivait à l'hôtel Mercure, dans un Paris contrôlé par les Allemands, et travaillait comme lecteur de manuscrits lorsqu’il commença à rédiger ce qui deviendrait La Peste. L'œuvre est souvent analysée comme une allégorie de la résistance française face à la propagation du “virus” du nazisme, bien que Camus ait toujours refusé de confirmer ou de nier une telle interprétation. L'universitaire Brian Farrell explique ainsi que “Jean-Paul Sartre et d'autres penseurs français reprochaient à Camus de comparer le nazisme à un phénomène inhumain, sans rapport avec le mal humain et donc hors de leur contrôle. Mais la peste de Camus n'est pas seulement un symbole du fascisme. C'est aussi un symbole de ce qu'il considérait être, plus largement, notre culture de la mort – qu'il voyait de tous les côtés de l'échiquier politique, des riches élites conservatrices aux dictatures révolutionnaires de gauche. Les marxistes existentialistes comme Sartre étaient ainsi initialement en désaccord avec Camus et son roman”.

Camus n'était apparemment pas satisfait de son œuvre lorsqu'il la remit à son éditeur en décembre 1946, écrivant : “[cet] échec complet m'apprendra la modestie”. Il refusera également que le roman soit qualifié d'existentialiste, bien qu’il soit proche de Sartre et d'autres penseurs existentialistes.

La principale traduction anglaise est celle de Stuart Gilbert, publiée pour la première fois en 1948. Le roman fut largement salué mais les critiques plus contemporains mirent en évidence le manque de personnages féminins ou arabes. En 1948, un journaliste du New York Times écrivit : “La Peste est une parabole, un sermon, et doit être considérée comme telle. Le message porté ne constitue pas la plus haute forme d'art créatif, mais il est d'une telle importance pour notre époque que le rejeter au nom de la critique artistique serait un blasphème contre l'esprit humain. Monsieur Camus est un maître de la narration à la Defoe. Au travers du récit, il décrit les différentes attitudes des humains face à la peste, enrichies de ses observations personnelles. Il isole autant que possible ses personnages de leur vie privée et les projette dans leur situation publique.”.

Le roman a été adapté au théâtre et au cinéma. Au début de l'année 2020, il a connu un regain de popularité en raison de l'épidémie de COVID-19. Il est considéré comme une grille d’analyse pertinente des comportements humains face aux crises.