Motif: la météo
Oran est un lieu intense, baigné d'un soleil de plomb, soumis à des averses torrentielles, imprégné d'une forte humidité, balayé par des vents violents et bordé de mers tumultueuses. Le temps régit l'humeur, les émotions et les mouvements de ses habitants. Camus l'utilise souvent pour renforcer le caractère dramatique d'une scène. Les sermons de Paneloux sont accompagnés de tempêtes tandis que les promenades du soir de Rieux sont sinistrement silencieuses, si ce n'est le bruit récurrent de la peste qui transparaît dans les murmures du vent.
Allégorie : le fascisme
Le roman est souvent interprété comme une allégorie du fascisme, décrivant comment la “maladie” de l'idéologie va et vient dans l'histoire, s'installant de manière insidieuse et infectant presque tous ceux qui entrent en contact avec elle. Quasiment impossible à combattre, elle oblige ceux qui y sont confrontés à l'ignorer, à l'embrasser ou à lui résister – des réponses qui entraînent toutes le désespoir et potentiellement la mort.
Symbole: les rats
Les rats sont des créatures banales, nombreuses, semblables les unes aux autres et marquées à la fois par l'intelligence et la bêtise. Dans le roman, les rats commencent à mourir de façon ignominieuse, rampant dans la rue pour y connaître une sanglante agonie. Le nombre de rats morts augmente. Leurs cris emplissent les rues. Ils constituent un signe avant-coureur de ce qui va arriver mais symbolisent aussi le peuple lui-même. En effet, de nombreuses personnes vont bientôt mourir en grand nombre, remplissant les rues de leurs cris et les morgues de leurs corps. Le peuple perd tout sens de la singularité, de la mémoire et de l'histoire ; il n'est pas différent des animaux, soumis comme eux aux caprices et aux vicissitudes d’une impitoyable.
Symbole : le fils d'Othon
Lorsque le fils d'Othon se meurt, Rieux est frappé par cet aspect de la scène : “l'enfant prit dans le lit dévasté une pose de crucifié grotesque” (195). Camus fait en sorte que le garçon symbolise Jésus, un autre innocent sacrifié. Le garçon n'a commis aucun péché, tout comme Jésus, mais meurt quand même. Les deux morts galvanisent leurs “fidèles”, les forçant à s'interroger sur Dieu, sur le sens de la vie et sur les possibilités de salut.
Symbole: l'eau
Le bain nocturne de Tarrou et Rieux dans l'océan comporte de fortes connotations religieuses et nous fait penser au baptême. L'eau les apaise et les purifie ; ils se réjouissent d'être libérés de la ville, de la peste et de leurs soucis. Lorsqu'ils sortent de l'eau, ils sont rafraîchis et rajeunis, leur amitié est scellée et leurs âmes bénéficient d'un répit nécessaire.
