Thérèse Raquin

Thérèse Raquin Résumé et Analyse

Après avoir vu son corps s’affaiblir et ses articulations se raidir, Mme Raquin se retrouve réduite à un état de paralysie complète après une attaque soudaine. La paralysie totale de Mme Raquin marque une nouvelle étape dans la vie désespérante de Thérèse et de Laurent. Sans les bavardages distrayants de la vieille femme, ils n’ont d’autre choix que de faire face aux conséquences du meurtre et aux terreurs de la présence persistante de Camille. Thérèse, cependant, trouve un passetemps et un peu de réconfort dans les soins qu’elle prodigue à la vieille femme immobile, et devient même douée.

Les invités du jeudi soir ont leur propre façon de réagir au changement; ils agissent comme s’il n’était rien arrivé à Mme Raquin. Grivet plaisante même avec la femme paralysée et fait comme s’il la comprenait parfaitement, bien qu’en réalité il interprète tous ses souhaits de travers. Pourtant, là encore Mme Raquin paralysée est encore capable de communiquer très efficacement ; ses yeux peuvent prendre une étonnante gamme d’expressions et révéler avec une grande précision ce qu’elle ressent et pense.

Mme Raquin croit qu’elle pourra mourir en paix, entourée de sa petite famille bien-aimée. Mais, elle va vite déchanter. Après avoir observé Thérèse et Laurent pendant plusieurs semaines, Mme Raquin devine l’angoisse du jeune couple et comprend ce qui est à l’origine de leurs actions - le meurtre de Camille. Mme Raquin est alors transformée. Elle veut répudier Dieu pour l’avoir trompé si longtemps, pour lui avoir fait croire à la bonté humaine. Elle est maintenant motivée par le désir de voir son fils être vengé de ses assassins.

Thérèse et Laurent se rendent vite compte que leur secret a été découvert par la vieille femme, mais ils continuent à répondre à ses besoins. Maintenant, être portée par Laurent et être pris en charge par Thérèse est une torture pour elle.

Comme ils savent que leur secret est connu d’elle, Thérèse et Laurent doivent décider comment agir avec Mme Raquin. Thérèse croit que la vieille trouvera un moyen de communiquer ses informations, malgré sa paralysie, mais Laurent a plus peur d’attirer des soupçons en tenant Mme Raquin à,l’écart. Les deux complices décident donc que Mme Raquin continuera d’assister aux soirées du jeudi.

A la réunion suivante Mme Raquin rassemble ses dernières forces et tente de faire connaître le meurtre ; elle ne peut communiquer qu’en déplaçant sa main droite, mais même cela suffirait. Malheureusement pour elle, ses tentatives de transmettre ses connaissances sont entravées par Grivet, qui tente (sans aucune précision) de déchiffrer son sens. Mme Raquin est néanmoins capable de délivrer le message suivant : « Thérèse et Laurent sont… »

Puis, ses forces l’abandonnent. Grivet termine inutilement la phrase en affirmant que Mme Raquin voulait écrire « Thérèse et Laurent prennent bien soin de moi ». La vieille femme est anéantie en bouillie, submergée par son propre sentiment de défaite et d’inutilité.

La relation entre Thérèse et Laurent est marquée par une rancœur et une violence croissantes. Chaque soir, une querelle bruyante éclate, et les deux meurtriers - maintenant se sentant mutuellement, fatalement piégés - se blâment mutuellement pour le meurtre de Camille et leurs malheurs. Contrainte d’écouter ces altercations, Mme Raquin apprend les détails de la mort de son fils. La vieille femme est dépitée de voir que Thérèse, à l’occasion, adopte un ton de remords et demande pardon pour ses crimes contre Camille. Mme Raquin se réjouit cependant de la tournure que prendront bientôt ces querelles; plutôt que de répondre aux accusations et aux insultes de Thérèse, Laurent commence bientôt à battre sa femme.

Maintenant, les tentatives de Thérèse pour échapper à ses actes passés passent entament une nouvelle phase. La jeune femme s’adresse régulièrement à Mme Raquin pour lui demander pardon, souvent par le biais de discours élaborés et de manifestations larmoyantes, et souvent en présence de Laurent. Thérèse prend soin de critiquer Laurent et de louer le défunt Camille. Pour Laurent, ces manifestations ne sont qu’une hypocrisie aggravante et son état de fureur exaspérée devient encore plus extrême. Il agresse maintenant régulièrement Thérèse, mais il souffre aussi de la sensation troublante et éclatante qu’il devient lui-même Camille.

Analyse

Dans ces chapitres, Mme Raquin revient en force avec une vision très claire de la situation. Il y a de bonnes raisons qui expliquent pourquoi la vieille femme a été négligée dans la première partie du récit ; Zola avait besoin de cet espace pour mettre en scène les premiers conflits du mariage de Thérèse et Laurent, dont Mme Raquin n’était pas consciente et restait passive. Mais maintenant que cette dernière a ses propres tracas, Zola, met l’accent sur sa souffrance physique dramatique, et place la bonne gentille mercière au premier plan.

La paralysie apporte à Mme Raquin d’horribles révélations et la transforme en une femme très différente, elle devient sévère, haineuse et particulièrement remarquablement sensible. Zola vient entourer la découverte de la mort de Camille d’un d’images de catastrophe et d’illumination. Quand Mme Raquin apprend enfin le sort de son fils, « La sinistre vérité, comme un éclair, brûla les yeux de la paralytique et entra en elle avec le heurt suprême d’un coup de foudre». Ici aussi, l’image des yeux de Mme Raquin est important ; son regard est toujours remarquablement expressif, mais maintenant, elle exprime surtout « des pensées de vengeance qui chassaient toute la bonté de sa vie».

Mais Mme Raquin fait une autre découverte, beaucoup moins terrible ; enfin, elle se rend compte à quel point ses invités du jeudi soir sont vides de sens et loin d’être parfaits. (Enfin, elle et Thérèse semblent être d’accord concernant l’ennui de ces visiteurs.) Bien qu’il s’agisse de quelques-uns des chapitres les plus sombres de Thérèse Raquin, ils contiennent aussi l’un des plus grands exemples d’humour noir et d’ironie dramatique de Zola. Grivet, longtemps estampillé décrit comme distant et idiot, se révèle incapable d’aider Mme Raquin à délivrer un message simple - « Thérèse et Laurent ont tué Camille ». Le lecteur comprend que Mme Raquin à l’intention d’émettre cette accusation accablante, mais Grivet est convaincu que la vieille dame veut dire : «Thérèse et Laurent prennent bien soin de moi».

Aucun des personnages de Zola (à l’exception possible des invités du jeudi de plus en plus ridicules) n’accomplit quoi que ce soit de plaisant à ce stade du récit. Les thèmes dominants maintenant, sont ceux des mouvements vains et de la paralysie à laquelle Mme Raquin ne peut échapper. Thérèse et Laurent ne restent pas les bras croisés; ils s’engagent constamment dans des disputes amères et se livrent à des altercations physiques. Ils sont très violents. Mais, en fin journée, ils restent toujours coincés dans le même appartement et les mêmes routines du Passage du Pont-Neuf, pas plus à même de quitter cette demeure que Mme Raquin .

Certes, ces chapitres peuvent être frustrants. Les arguments disputes entre Thérèse et Laurent sont longues et nombreuses mais ne mènent nulle part. Les plans qui pourraient faire avancer l’intrigue de Zola d’une de nouvelle façon (comme la révélation des informations que Mme Raquin détient maintenant) sont déjoués. Cependant, faire ressentir de la frustration au lecteur est un coup de maître de la part de Zola ; même un peu suffit à donner un bon aperçu de ce que ces protagonistes peuvent ressentir, eux-mêmes, complètement anéantis par la frustration.