Thérèse Raquin

Thérèse Raquin Résumé et Analyse

Thérèse est perturbée par le même cauchemar - l’horrible fantôme de Camille - qui a commencé à tourmenter Laurent. Désireuse de réconfort et de paix, et convaincue que la présence de Laurent la protégera contre le fantôme de Camille, elle décide d’accélérer les démarches pour le mariage.

Cependant, les amants ont des motivations quelque peu différentes pour vouloir se marier. Thérèse est poussée par la passion et la panique ; ses nerfs sont à vifs, près à rompre, elle ressent instinctivement qu’elle deviendra folle si Laurent n’est pas là pour la réconforter. Laurent, quant à lui, est davantage rationnel. Il se rend compte qu’il n’obtiendra d’argent de son père en aucune circonstance, et il se rend compte également que Mme Raquin a des économies d’une valeur de 40000 francs à sa disposition. Obtenir cet argent assurerait une vie confortable et justifierait le meurtre de Camille.

Pour réaliser leur mariage sans éveiller les soupçons, Thérèse et Laurent commencent à manipuler Mme Raquin et ses invités du jeudi soir. Thérèse se montre dans d’une humeur d’extrême mélancolie, ce qui amène Mme Raquin à s’inquiéter. Le vieux Michaud, cependant, est convaincu qu’il détient l’explication de cette humeur déprimée. Il conseille à Mme Raquin de marier Thérèse le plus vite possible, proposition qui déconcerte d’abord la vieille mercière. Bientôt, cependant, Mme Raquin est pleine d’entrain pour sa tâche d’organisation d’un bon mariage pour Thérèse et revigorée par la perspective d’un nouveau chapitre positif dans sa vie.

Tandis que Thérèse continue à bouder, Laurent manipule et trompe Mme Raquin à sa manière. Il se présente fréquemment au passage du Pont-Neuf, s’occupant aux tâches de la maison, et ne cessant d’exprimer sa tristesse à propos de la mort prématurée de Camille. Mme Raquin et ses invités sont conquis par cette attitude. Bientôt, il devient évident pour le vieux Michaud, sans aucune déclaration directe de la part de Thérèse ou de Laurent, que ces deux là Thérèse et Laurent feraient un beau couple.

Ensemble, Mme Raquin et le vieux Michaud décident de négocier le mariage ; Mme Raquin conseille Thérèse, tandis que le vieux Michaud traite du sujet avec Laurent. Les deux amants font semblant de résister à l’idée, par respect l’un pour l’autre et pour la mémoire de Camille, mais ils finissent par céder.

En présence de Mme Raquin et du vieux Michaud, les fiancés Thérèse et Laurent interprètent une scène qui est extérieurement touchante - et qui cache leur véritable malaise. Les amants se lient les mains, mais reculent au contact froid de la peau de l’autre. Par ailleurs, Laurent dit à qui veut l’entendre que Camille l’avait hélé lors de la catastrophe fatale sur la Seine, l’implorant de sauver Thérèse. Thérèse est atterrée par ce mensonge, mais elle reste calme et impatiente de voir le mariage se concrétiser, ne serait-ce que parce qu’il la libérera de l’influence obsédante de Camille.

Thérèse et Laurent se réveillent heureux le jour de leur mariage ; ils sont convaincus que leurs nuits de terreur seront bientôt terminées. Pourtant, le matin du mariage, Laurent est déconcerté par la cicatrice que Camille lui a laissée sur le cou. Il parvient à garder son sang-froid et se pare de ses nouveaux habits de noces - un cadeau de Mme Raquin à Laurent le pauvre. Le mariage se déroule en douceur, en présence de tous les habitués du jeudi soir.

Après les cérémonies officielles à la mairie et à l’église, Thérèse, Laurent et les invités du jeudi soir s’arrêtent au petit restaurant pour la réception de mariage. L’humeur est assez réservée et sombre, en partie parce que Thérèse et Laurent sont tournés vers eux-mêmes; la cicatrice a recommencé à faire mal à Laurent et les deux jeunes mariés se sentent ternes et moroses. Grivet, cependant, fait un commentaire déplacé ?décalé sur les futurs enfants de Thérèse et Laurent. Les mariés pâlissent, et leur état d’épuisement et d’anxiété perdure jusqu’à ce qu’ils rejoignent enfin leur chambre dans le Passage du Pont-Neuf.

Laurent et Thérèse se retrouvent dans leur chambre - autrefois lieu de leur passion - que Mme Raquin a chauffée d’un feu ardent et parée de bouquets de roses. Malgré ces décors accueillants, les deux jeunes mariés se révèlent timides, voire dégoûtés. Ils essaient de générer une nouvelle passion, mais Laurent commet l’erreur de prononcer le nom de Camille - une erreur qui déchaîne d’horribles souvenirs et rend toute tentative d’intimité impossible.

Néanmoins, le mari et la femme essaient de bavarder et commencent à se déshabiller pour se coucher. Ils trouvent qu’il est impossible de chasser Camille de leur esprit et il semble même qu’ils suivent les réflexions angoissées de l’autre sur le défunt. Thérèse interroge Laurent sur la Morgue, s’il a vu le corps de Camille. Et Laurent, voulant clore ce sujet, implore Thérèse d’embrasser la cicatrice sur son cou, espérant que ses lèvres apaiseront la marque brûlante. Mais ces efforts pour trouver du réconfort sont toujours vains.

Bientôt, le contenu de la chambre commence à tourmenter les deux amants. Le portrait de Camille reste sur le mur, puisque Mme Raquin avait négligé de le déplacer ailleurs. Thérèse et Laurent sont hantés par le visage troublant et grossièrement peint de l’homme noyé. Le chat François fait également une apparition, créant des bruits de grattage étranges et entraînant le superstitieux Laurent encore plus dans l’effroi.

Après une nuit d’insomnie - que Thérèse passe assise près du feu mourant, tandis que Laurent à faire les cent pas mécaniquement - les deux décident de tenter de tirer le meilleur parti de leur situation et de vivre ensemble agréablement. La resolution, cependant, semble difficile, et peut-être condamnée.

Analyse

Au début de ces chapitres, Zola signale que Thérèse et Laurent ont une seule et même perspective : « Une affinité de sang et de convoitise s’était établie entre eux. Ils frissonnaient les mêmes frissons et, dans leur cœur, une sorte de camaraderie agonisante souffrait de la même terreur ». Autrefois, Zola se donnait beaucoup de mal pour différencier le sanguin Laurent et la nerveuse Thérèse. Les différences de tempérament entre les deux meurtriers ne sont pas encore rompues - Thérèse veut se marier parce qu’elle craint une crise nerveuse, tandis que Laurent pèse prudemment les coûts et les bénéfices d’une union - mais les liens meurtriers entre les deux personnages se resserrent.

Aucun des autres personnages n’a le moindre indice de la façon dont Laurent et Thérèse se sentent piégés. Les deux protagonistes s’en rendent compte, et ils décident d’accélérer leur mariage en mettant en scène un nouvel ensemble de manipulations. Pour gagner Mme Raquin à l’idée d’un nouveau mariage, Thérèse adopte un stratagème particulièrement intéressant. Elle ne dissimule pas son état d’esprit négatif et ne le révèle pas complètement - au contraire, elle marque le coup qui est assez dure pour éveiller les inquiétudes de Mme Raquin, mais pas pour suggérer sa véritable torture psychologique. Mme Raquin est en effet convaincue que Thérèse « s’est repliée sur elle-même et semblait mourir d’une maladie inconnue ». Elle diagnostique à tort la maladie comme une solitude de jeune fille, bien que Thérèse meure en fait de terreur névrotique.

Au fur et à mesure que le récit avance, Thérèse et Laurent continuent à être regroupés de façon catégorique. Ils ne sont pas de simples compagnons de peine. Malgré leurs tourments nocturnes, ils parviennent à partager quelques joies sympathiques ; par exemple, le matin de leur mariage, ils se réveillent « avec la même pensée profondément joyeuse ; ils se disent que leur dernière nuit de terreur est terminée ». Même leurs connaissances les considèrent en termes de similitude, et Mme Raquin pas comme des mariés, mais comme « ses deux chers enfants » .

Il est clair que Mme Raquin et les invités du jeudi sont impatients d’un nouveau départ. Cependant, comme pour la reprise des jeudis soirs, ce « nouveau commencement » est moins un départ radical et rafraîchissant qu’un retour aux mêmes routines réconfortantes et stupéfiantes. Au moment de la fête de mariage, Grivet revient est de retour à ses blagues stupides et Mme Raquin est surtout son vieux moi affectueux. Et l’idée du nouveau mari et de la nouvelle femme comme « enfants » est elle-même un retour à la forme, puisque Mme Raquin considérait aussi les mariés Camille et Thérèse comme ses enfants. Laurent est simplement un nouvel « enfant », occupant exactement la même place que Camille occupait autrefois dans la maison et les affections de Mme Raquin. Étrangement, il devient le double de sa victime.

Pour Thérèse et Laurent, l’influence persistante de Camille n’est pas seulement impossible à éviter; en effet, cette l’influence commence à prendre de nouvelles formes. Au cours de leur nuit de noces, les jeunes mariés sont vexés par le portrait longtemps ignoré de Camille et inquiétés par le chat tabby de Mme Raquin, que Laurent assimile à Camille. Laurent n’a même pas le confort limité de pouvoir rejeter les premières manifestations de Camille, puisque la cicatrice de l’homme noyé reste sur son cou, résistant à tous les efforts apaisants.