Thérèse Raquin

Thérèse Raquin Résumé et Analyse

Au lieu de venir annoncer la mauvaise nouvelle directement à Mme Raquin, Laurent décide de demander de l’aide au vieux Michaud pour parler avec la mère de Camille. Le vieux commissaire de police est à ce moment-là désemparé, et Suzanne et Olivier sont aussi très bouleversés. Mais le vieux Michaud décide d’aller parler avec Mme Raquin, avec tout le tact et la gentillesse qu’il a en sa possession son pouvoir pour annoncer à la vieille femme la mort de son fils. Elle comprend très vite le but de sa visite, et elle imagine son fils jeté implacablement dans la Seine, emporté par la mort, malgré ses efforts.

Laurent retourne ensuite chercher Thérèse au restaurant et la ramène à la maison. La jeune femme est maussade, tendue, et surtout silencieuse. La réaction de Laurent est tout autre : il se sent soulagé d’un lourd fardeau psychologique, maintenant que le meurtre est accompli, et une fois rentré chez lui s’endort de fatigue dans un sommeil paisible.

Le lendemain, la mort de Camille est rapportée par la presse parisienne. Laurent est dépeint comme un héros mineur pour ses tentatives énergiques mais infructueuses de sauver Camille après l’avoir trouvé.

Laurent se réveille le lendemain, toujours d’une humeur plutôt joviale, mais maintenant confronté à un nouveau relativement léger inconvénient. Pendant la lutte dans la barque, Camille arracha un petit morceau de chair en forme de pièce de monnaie du cou de Laurent. Pour l’instant, Laurent méconnait ignore cette trace gênante et retourne au travail, alors qu’il doit aussi finaliser quelques détails concernant le meurtre.

Pour tenter de donner à son acte une certaine finalité, Laurent commence à fréquenter la morgue parisienne dans l’espoir de reconnaître et de réclamer le cadavre de Camille. La morgue est une source de fascination sinistre pour de nombreux Parisiens, qui la considèrent comme un spectacle pervers divertissant. Laurent lui-même est à la fois intrigué et horrifié par les cadavres exposés, et quelques-uns se distinguent : le cadavre d’une jeune femme robuste et jolie, qui s’est pendue après une déception amoureuse ; et un autre cadavre, pourri, horrifiant, qui commence à se décomposer sous les yeux de Laurent.

Après une semaine de visites, Laurent voit enfin le cadavre de Camille. Son ancien ami est encore reconnaissable, ou du moins son visage; le reste du corps de Camille est devenu un horrible cadavre de chair mutilée et gonflée. Laurent réclame le cadavre et Camille est vite enterré.

Après la mort de Camille, Thérèse et Mme Raquin sont abasourdies, et restent ainsi trois jours au lit. Enfin, Thérèse prend l’initiative de s’habiller, et commence à s’occuper de sa tante. Suzanne passe aussi chez elles. Malgré son chagrin, Mme Raquin accepte bientôt de rouvrir le magasin ; bien que ses articulations deviennent raides et qu’elle ait perdu toute motivation, la vieille femme a peur de devenir folle si elle reste enfermée dans son appartement.

Peu à peu, les invités du jeudi soir commencent à retourner chez Mme Raquin. Laurent passe souvent pour parler avec elle, et un soir, Grivet et le vieux Michaud viennent en même temps, désireux de reprendre leurs vieilles habitudes. Tous ensemble, les invités du jeudi retournent avec empressement à leurs jeux de domino et à leur bavardage habituel. Seule Mme Raquin - qui a un bref accès de larmes au début de la séance - ne peut faire abstraction de la mort de Camille.

Thérèse et Laurent sont présents ce jeudi soir. En regardant sa maîtresse, Laurent a la ferme conviction que son cœur ne lui appartient qu’à lui.

Dix-huit mois passent, et Thérèse et Laurent subissent des changements notables. Les amants ne ressentent plus la passion qu’ils avaient l’un pour l’autre, peut-être parce qu’ils ont trouvé d’autres objets d’intérêt et de tentation. Thérèse commence à lire des romans et se retrouve brièvement amoureuse d’un jeune étudiant. Quant à Laurent, après une réunion avec l’un de ses amis peintres, il entame une liaison facile et enfin satisfaisante avec un modèle de nu.

Laurent se questionne à présent. Bien qu’il soit maintenant déconcerté par la nature passionnée et instable de Thérèse, il est aussi troublé par la possibilité qu’il ait assassiné Camille sans véritable but. Le départ brusque de son modèle vivant l’aide à prendre une décision. Laurent propose à Thérèse de se marier, elle y consent.

Quand Laurent rentre chez lui, survient alors une nouvelle sensation inattendue, celle d’une terreur d’enfant dans le passage sombre qui mène à son appartement. Il prend des allumettes et éclaire avec nervosité son chemin, s’auto-rassurant sur ses peurs qui devraient disparaître une fois que Thérèse fera entièrement partie de sa vie ; elle sera là pour le réconforter lors de ses nuits agitées. Il essaie de dormir, mais il est bientôt atteint d’une nouvelle peur-panique. L’insomnie torture Laurent et il est assailli par d’horribles visions. Bien qu’il tente d’imaginer Thérèse à ses côtés, la figure de sa bien-aimée se transforme à chaque fois en cadavre macabre de Camille.

Après cette nuit de cauchemars éveillés, Laurent tente à nouveau de se redonner du courage. Tout en se rafraichissant, il tente de se rassurer quant aux étreintes et aux baisers de Thérèse, qui seront l’antidote à ses réminiscences obsédantes de Camille. Il se rend ensuite chez Thérèse. Là, Mme Raquin fait part à Laurent d’une nouvelle troublante : Thérèse a également subi une terrible crise d’insomnie la veille au soir.

Analyse

A la mort de Camille, Laurent ressent « une joie lourde et anxieuse, la joie du crime accompli, l’emplissait ». Mais à nouveau, il est capable de dissimuler parfaitement ses véritables sentiments et motivations à ceux qui l’entourent. Il accomplit cela en se rendant auprès de personnes qu’un jeune criminel viendrait normalement chercher en dernier : les officiers de police, en l’occurrence le vieux Michaud et Olivier. Il y a un air suffisant et satisfait qui l’enveloppe lors des premiers jours succédant le crime. Au lieu de fuir le milieu du crime et de l’enquête, Laurent gravite autour des lieux qui résonnent avec son nouveau statut de meurtrier, y compris la maison de la mort de Paris, la morgue.

Mais dans un sens positif, ces chapitres présentent Thérèse et à Laurent capables de recommencer leur vie, ou du moins, d’embrasser de nouveaux aspects d’eux-mêmes. Thérèse commence à lire des romans, ce qui est en quelque sorte l’activité parfaite pour son tempérament nerveux ; elle lit au sujet de personnages émotifs et « se passionna pour tous les héros des contes qui lui passèrent sous les yeux ». En lisant, Thérèse s’éloigne de sa boutique minable et se retrouve dans un monde plein de gens héroïques et passionnants - des gens auxquels elle peut enfin s’identifier - Laurent utilise ses nouveaux loisirs comme prendre une nouvelle maîtresse et se balader dans Paris, tous les problèmes ainsi envolés.

Zola accentue ces changements , ces nouvelles opportunités par l’utilisation de contrastes et ces nouvelles opportunités. Tandis que Thérèse et Laurent sont transformés par le meurtre de Camille, les invités du jeudi soir continuent comme si de rien n’était. Pour les amoureux nouvellement récemment soulagés, même ces rencontres fastidieuses provoquent un soupçon de plaisir. Laurent se sent « à l’aise parmi ces quelques personnes qu’il connaît » et n’a pas peur d’observer Thérèse avec fierté et satisfaction.

Pourtant, à la fin de ces chapitres, Zola précise que la libération que Thérèse et Laurent ressentent est une illusion, une conséquence de leur éloignement. Tout au long de Thérèse Raquin, Laurent est dépeint comme capable de rationaliser ses décisions et de penser ses actions et ses impulsions. Mais ses ces capacités rationnelles sont annihilées par le terrible fantasme du cadavre noyé de Camille, qui vient hanter Laurent la nuit, réduisant le puissant jeune homme à l’insomnie et des peurs du noir.

La vision cauchemardesque de Camille est présentée presque entièrement du point de vue de Laurent, et à la première lecture, il est tentant d’associer cette vision au côté superstitieux du milieu paysan de Laurent. (Rappelons-nous, Laurent a une peur presque surnaturelle du chat François, que Thérèse ne partage pas.) Zola, cependant, rejette rapidement l’idée que tout cela serait une réaction excessive passagère. Les deux meurtriers se comprennent parfaitement, même sans parler, et sont déterminés à s’unir contre « la terreur qu’ils avaient partagée » - de la figure horrifiante du noyé Camille. Le crime "parfait" commence à les hanter.