Une Vie

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L'amour

À travers son roman, Maupassant dresse une forme de portrait de l'amour. En effet, l'histoire se concentre majoritairement sur le mariage catastrophique de Jeanne et Julien. À travers ce récit, l'auteur montre plusieurs étapes du sentiment amoureux tout en nous présentant son point de vue.

Tout d'abord, il dresse le portrait de Jeanne et de son idée naïve de l'amour, plein de romantisme et influencée par ses lectures romanesques. La désillusion qu'elle subira est un indice du rejet des élans romanesques de la part de Maupassant. Ces aspirations se confirment à le rencontre de Julien, avec qui la passion semble naître rapidement et avec qui le mariage arrive également très rapidement. Pourtant on comprend bien vite que cet amour passionnel ne provient que du côté de Jeanne. Puis, cet amour connaît une descente aux enfers à travers de nombreuses infidélités, des enfants illégitimes, un caractère lunatique, une avarice de la part de Julien qui révulse Jeanne.

À travers cette histoire, Maupassant nous partage sa vision pessimiste de l'amour qui ne serait qu'avarice, que profit et non un sentiment pur et partagé. Cette question de l'amour en touche pas simplement l'amour conjugal mais aussi l'amour parental. En effet, là où Jeanne grandit dans un environnement aimant, Paul, lui, grandit entre un père absent et une mère étouffante. On peut considérer que cet amour qui se voit entourer de jalousie de la part de Julien comme de la part de Jeanne lorsque Paul tombe amoureux d'une femme prend une grande importance dans le roman. À travers l'exposition de ces relations, notamment de l'amour malsain qu'entretien Jeanne avec son fils, Maupassant exorcise sans doute sa propre relation avec sa mère et expose la difficulté que peut représenter une relation mère-fils.

La religion

Dans le roman, Maupassant évoque à de nombreuses reprises la question de la religion ; à travers les croyances de ses personnages, les figures des curés des Peuples, l'éducation de Paul. Cependant, il prend soin d'évoquer le sujet toujours à travers le point de vue de ses personnages ce qui lui permet de toujours échapper à des discours pouvant amener la censure.

En effet, le roman met en place toutes les facettes de la religion chrétienne. Tout d'abord, on trouve Jeanne qui sort du couvent ; fervente religieuse elle continue à fréquenter plus ou moins l'église à sa sortie. Ensuite, il y a son père qui est quant à lui un fervent anti clérical et partageant des positions philosophiques proches des Lumières. Le baron apparaît alors comme un personnage non commun pour son époque.

Du point de vue des deux curés, Maupassant présente à travers leurs personnages deux aspects de la pratique de la religion. En effet, l'abbé Picot représente le curé proche du peuple et conscient de la réalité de la population. Il utilise son autorité religieuse avec humanité, dans l'objectif d'accorder le pardon. À l'inverse, l'abbé Tolbiac représente l'autoritarisme religieux, qui utilise son autorité pour condamner les fidèles sans humanité. À travers ces personnages et ces pratiques de la religion pouvant être clivantes, Maupassant propose une critique de la religion de son temps.

La place des femmes

Dans son roman, Maupassant propose un portrait de la place des femmes dans la société de son temps. Ainsi, à travers le personnage de Jeanne notamment, on peut observer les différentes étapes de la vie d'une femme au XIXe siècle.

En effet, on connaît Jeanne à ses seize ans, avant, sa place est au couvent pour être protégée de la vie extérieure. Ensuite arrive rapidement le moment de son mariage, puis de ses accouchements. À ce moment, on comprend à la fois qu'elle reste passive dans les décisions qui la concerne, notamment son mariage, mais qu'elle reste également cantonnée à ses rôles de femme et mère. Puis, à la mort de son mari et au départ de son fils, elle devient presque inutile et tombe dans la dépression.

D'une autre manière, Lison, la tante de Jeanne reste invisible de part son absence de mariage, comme si sa considération sociale ne reposait que sur ses devoirs " féminins ".

La société

Une Vie de Maupassant nous présente un portrait de la société du XIXe siècle. En effet, l'auteur s'attarde à décrire de manière précise les différentes couches de la société, de l'aristocratie avec la famille de Jeanne et leurs amis, jusqu'à les basses couches de la société avec les paysans normands et Rosalie, en passant par la vieille fille qui est tante Lison.

À travers ces descriptions qui placent le roman dans un contexte naturaliste, on voit l'intérêt que porte Maupassant à la société de son temps. Cependant, ces descriptions lui permettent également de proposer une critique de sa période et de son environnement, tout en échappant à la censure. Il met en avant les dérives de la religion et du pouvoir religieux à travers le personnage de l'abbé Tolbiac, l'aveuglement du pouvoir aristocratique avec Julien tout en questionnant la considération des femmes.

L'éducation

L'éducation est une thématique importante qui intervient à différents moments dans le roman. En effet, elle est questionnée au moment de la naissance et du développement de Paul mais aussi à travers les interventions de l'abbé Tolbiac.

Tout d'abord, la question de l'éducation intervient au moment de la naissance de Paul. En effet, le jeune garçon est élevé auprès de sa famille dans la maison familiale et ne semble être initié qu'aux plaisirs de la nature et de l'amusement. Cependant, il n'est pas initié à la religion ce qui vaut des questionnements de la part des habitants des Peuples. À l'adolescence en revanche, le père de Jeanne l'envoie au collège pour lui offrir une éducation scolaire. Pourtant, cette éducation reste questionnée face à l'évolution décadente de Paul qui finit seul sans argent.

D'une autre manière, l'arrivée de l'abbé Tolbiac est vécue comme une éducation imposée. En effet, le curé cherche à imposer une rigueur religieuse à ses fidèles, une éducation fondée sur la peur du jugement de dieu.

L'argent

Les problématiques liées à l'argent apparaissent comme récurrentes tout au long du roman et elles permettent même de révéler les réalités psychologiques des personnages. En effet, la famille de Jeanne apparaît comme ayant des problèmes d'argent récurrents qui sont révélés à partir de l'arrivée de Julien et qui se dégradent tout au long du roman jusqu'à devenir catastrophiques lorsque Jeanne se retrouve seule. Cette question de la mauvaise gestion de la fortune familiale semble liée à l'aristocratie et à une forme de mode de vie qui ne se soucie pas des économies.

Cependant, ces problèmes d'argent révèlent le caractère de certains personnages. Tout d'abord, c'est à travers la question de l'argent que Julien apparaît comme avare et devient violent, à la fois auprès de Jeanne mais aussi de sa famille. D'une autre manière, c'est avec la descente aux enfers de Jeanne que le personnage de Rosalie apparaît comme prenant en main le budget et comme étant une femme forte capable de prendre la situation en main.

La nature

La question de la nature est très importante tout au long du roman. En effet, l'auteur prend le temps de la décrire de manière très précise, notamment car elle apparaît comme très liée aux sentiments des personnages.

En effet, on peut citer notamment les descriptions de la mer lors de la balade de Jeanne et Julien sur le bateau qui reflètent leur amour naissant. Dans un autre registre, les descriptions du jardin de la maison familiale des Peuples semble toujours refléter soit l'espoir, soit le désespoir de Jeanne.

Les descriptions de la nature permettent également à l'auteur de développer son style. En effet, il privilégie l'analogie à la nature pour décrire les sentiments de ses personnages à la fois pour employer un style bref rappelant parfois la touche impressionniste, mais cela lui permet également d'éviter de décrire des situations sans les nommant directement, notamment comme l'excitation sexuelle entre Jeanne et Julien, ce qui lui évite la censure.