Une Tempête

Une Tempête La " Négritude "

Au-delà de son œuvre littéraire, Césaire était un philosophe politique qui a théorisé le concept de “ Négritude ” avec Léopold Sédar Senghor, premier président du Sénégal, et Léon Gontran Damas, penseur et politicien guyanais. La Négritude est un cadre littéraire critique qui met l'accent sur l'identité panafricaine et utilise la philosophie politique marxiste et la philosophie radicale noire. Ce cadre d’analyse et de compréhension du monde s'oppose aux logiques coloniales qui cherchent à assimiler les personnes noires au sein des structures sociales dominantes, et ouvre un espace de reconnaissance et d’épanouissement de la culture noire.

Césaire, Senghor et Damas ont été découragés par leurs expériences en tant que personnes noires en France et ont voulu résister au racisme et aux inégalités systémiques du système éducatif français. Avec le concept de “ Négritude ”, Césaire rejette l’assimilation culturelle et “ une certaine image du Noir paisible, incapable de construire une civilisation ”. Il souhaitait créer des outils pour célébrer les identités africaines, plutôt que de s'efforcer d’abandonner ces spécificités culturelles dans l'espoir de s'adapter aux systèmes sociaux européens.

Césaire explique que la Négritude est avant tout une prise de conscience concrète de l’assimilation et du rejet dont ont fait l’objet les populations noires, les privant de leur identité. L’histoire et les cultures noires ont été systématiquement minimisées, refoulées, effacées. Dans un entretien au Magazine Littéraire, il précise : “ (...) on n’est pas impunément noir, et que l’on soit français (...) ou que l’on soit de culture américaine, il y a un fait essentiel : à savoir que l’on est noir, et que cela compte. Voilà la négritude. Elle affirme une solidarité. D’une part dans le temps avec nos ancêtres noirs et ce continent d’où nous sommes issus (...) et puis une solidarité horizontale entre tous les gens qui en sont venus et qui ont en commun cet héritage. (...) notre lutte était la lutte contre l’aliénation (...) et alors nous avons pris le mot nègre comme un mot-défi (...) Puisqu’on avait honte du mot nègre, eh bien, nous avons repris le mot nègre. ”.