La Promesse de l'aube

La Promesse de l'aube Thèmes

L'amour maternel

C'est un amour qui va au-delà de l'amour maternel ordinaire. D'ailleurs il dit qu'elle lui a tellement donné que jamais il ne trouvera la même intensité d'amour chez une autre femme. Cette Mina est une mère juive , elle déploie toute sa vie durant une énergie sans borne à assurer la réussite de son fils. Elle veille à lui assurer une bonne alimentation, même lorsque les temps sont durs. L'épisode du beefsteak est parlant. Mina se dit végétarienne et sauce le gras qui reste dans la poêle en cachette. Toute son énergie est dédiée à son fils. Elle lui assure des leçons de musique, de chant, de danse, de maintien, de langues, de fleuret, de tir... Elle est convaincue qu'il deviendra célèbre, ambassadeur, écrivain, général.

De Russie à Wilno, de Pologne en France elle déploie un courage remarquable dans son itinérance. Ses finances vont et viennent mais grâce à son intelligence et sa résilience, elle donnera un bagage solide à Romain. Son amour ne connaît ni peur ni honte et devant les voisins à Wilno, elle déclare que son fils sera ambassadeur. Alors que Romain est mobilisé, elle préempte un taxi et se précipite sur la base d'Aix pour l'encourager et lui faire ses adieux devant tous les militaires...

Enfin, grâce à un subterfuge incroyable, elle maintiendra Romain en vie . En effet, malade à l'hôpital, elle prépare des dizaines de lettres à l'attention de son fils qui lui seront expédiés après sa mort. Grâce à ces lettres Romain trouvera le courage de résister à la maladie et aux affres de la guerre afin de retrouver sa mère en héros après la guerre.

L'amour filial

Tout le livre témoigne de cet amour filial. Le narrateur semble être une tierce personne qui raconte la vie de ce couple mère enfant et de leurs liens indéfectibles.

Ce roman est un hommage à Mina qu'il a tant aimé. Enfant, Romain s'est plié avec application aux volontés de sa mère ; il se montre désolé de ne pas être à la hauteur des ambitions de Mina : il n'a pas le talent d'un grand musicien ni celui d'un chanteur d'opéra, mais il se livre avec courage et bonne volonté à toutes les disciplines qu'elle lui propose.

Il réalise que les finances sont dures lorsqu'il voit sa mère saucer la poëlle vide dans la cuisine. Il comprend qu'elle se sacrifie pour lui et cela l'attriste tellement qu'il est prêt à se lancer sur la voie ferrée... Il accepte les extravagances de sa mère lorsqu'elle aborde le roi de Suède pour qu'il finance des cours de tennis à son fils ou lorsqu'elle vient lui dire au revoir devant tous ses camarades soldats avant la mobilisation.

La honte qu'il éprouve laisse toujours place à de l'attendrissement, à une affection admirative pour son audace. Pour elle, il est prêt à aller tuer Hitler après qu'elle lui en ait fait la demande.

Il sait lui raconter de belles histoires car il connaît son tempérament romantique. Ainsi, lorsqu'il est évincé de la promotion de sous-lieutenant, il n'hésite pas à mentir en racontant qu'il a séduit la femme du Colonel. Mina, russe au tempérament romantique, sera pleine d'admiration pour son talent de séducteur.

Elle est son chef bien-aimé, pleine d'enthousiasme et de certitude sur les suites de la guerre.. Confiante, elle assure qu'il ne lui arrivera rien.

Dans les périodes difficiles de la guerre, il masque son chagrin et sa solitude en l'imaginant près de lui. Ainsi, elle le rejoint le soir sur le pont du bateau, elle l'accompagne au Maroc, lui prodigue force et conseil. Il a besoin de sa présence virtuelle pour continuer le combat alors que le vide se fait autour de lui. C'est comme s'ils étaient en fusion, une seule et même personne qui se dédouble.

La résilience

Quel exemple d'énergie et de résilience chez Mina. Portée par l'enthousiasme et le talent, elle fait face à l'adversité toute sa vie durant.

D'abord comédienne, elle acquiert une culture immense en littérature russe et française qu'elle transmettra à son fils sans compter.

Puis, elle devient modiste, fait du porte à porte pour vendre ses chapeaux dans les périodes difficiles.

Mais l'idée lui vient de créer une maison de couture. Pour réussir, elle annonce que ce sont des modèles parisiens. Elle pousse même l'audace à faire venir un comédien qui jouera le rôle du grand couturier parisien. Son talent dans la confection des modèles et sa connaissance de la bourgeoisie polonaise confortent sa réussite financière et sociale. Ce sera la belle époque.

Toutefois, sa vie professionnelle est faite de hauts et de bas car elle dépense beaucoup pour Romain pour payer les professeurs et les médecins lorsqu'il tombe malade. A nouveau pauvre et prête à tout, elle vend des objets et se met à lire dans les lignes de la main. Lorsque l'argent manque trop, elle écrit quelques lettres (probablement au père de Romain) pour obtenir de l'aide.

Puis la voilà partie en France où elle tente de vendre le fameux service d'argenterie russe dérobé aux exigences de l'huissier.

Son bagou lui ouvrira les portes des hôtels niçois pour la vente d'objets précieux. Suivront du porte à porte et l'adaptation à ce nouveau pays qu'elle adore. Elle s'attaque ensuite au marché de l'immobilier avec réussite et finit par prendre la gestion d'une pension/restaurant.

Elle qui n'a jamais travaillé dans ce domaine assure l'accueil, l'achats des provisions, la cuisine, la trésorerie avec bonheur.

Enfin, malgré son diabète qui la laisse à terre à plusieurs reprises, elle se démène sans jamais douter ni se plaindre pour donner l'exemple à son fils et le pousser dans sa réussite. Jusqu'à la fin, elle aura des ressources, une ingéniosité à l'hôpital dans l'écriture de ses lettres qu'elle fera parvenir à Romain sur le front.

Une mère certes, mais aussi une femme exceptionnelle. Un ressort formidable !

Les femmes

Romain a été très attiré par les femmes. Sa mère lui a prédit qu'il serait un grand séducteur ce qui a sans doute influencé son destin.

La première, Valentine est l'amour d'enfance qu'il a connu à 9 ans. Valentine lance des défis aux garçons qui tournent autour d'elle et dans sa coquetterie monte la barre très haut. Pour elle , il mange une chaussure en caoutchouc, ce qui le conduira à l'hôpital. Il joue au jeu de la mort avec Jan, jeu très périlleux où tous deux risquent leur vie.

Puis, ce sera Mariette, la femme de chambre qui provoque l'éveil des sens de ce garçon adolescent. Surpris par la mère en plein ébats, elle sera chassée par Mina. Suivront les prostituées de Nice, pour lesquelles il aura besoin d'argent et osera voler les bibelots de sa mère.
Arrivé à Aix, il connaît également une liaison purement physique avec la charcutière.

Sa relation avec Brigitte, la Suédoise à Paris, lui laisse un souvenir tendre qu'il gardera toute sa vie à la fois pour elle mais aussi pour la Suède et démontre sa naïveté de jeune adulte.

Brigitte partait chaque nuit dans un quartier du Panthéon sous le prétexte de veiller aux besoins d'une vieille dame. Un soir en la suivant, il découvre qu'elle a un amant et mène une double vie...

Il y eut Louison la belle adolescente de Bangui. Elle ne comprend pas le français mais ils vivent des moments doux et forts à la fois.

Enfin, celle qui a beaucoup compté et dont il ne dit que quelques lignes car son souvenir attise encore sa souffrance. Ilona la hongroise qui a quitté la France durant la guerre pour rejoindre ses parents et qu'il souhaitait épouser.

Mais aucune de ces femmes ne sauront lui donner ce que Mina lui a offert en intensité d'amour.

La guerre

Lorsque la guerre éclate, Romain est confiant, sûr de la supériorité de la France. Les premières victoires allemandes lui semblent être imputées à des manoeuvres françaises attendant le bon moment pour réagir. Romain ne remet jamais en cause ses certitudes sur la victoire française.

En juin 1940, c'est une vraie cacophonie à l'aéroport de Bordeaux. Il y a ceux qui veulent continuer à servir l'armée française avec Pétain, ceux qui préfèrent rejoindre l'Afrique, ceux qui cherchent à gagner Londres. Dans ce brouillard d'idées, Romain cherche un avion pour rejoindre le Général de Gaulle à Londres. Les avions se font rares et beaucoup sont disputés sur le tarmac. Certains s'envolent et se crashent.

Romain finit par trouver un avion et son équipage de trois camarades mais au moment de monter il a un appel de sa mère. Appel salvateur car l'avion s'écrase pendant les essais avec ses trois passagers. Premiers morts qui seront suivis de bien d'autres tout au long de la guerre.

Romain devra affronter ce vide toute sa vie, vide , dont il dira qu'il est le plus peuplé.

Finalement, il doit partir au Maroc pour espérer rejoindre Londres. Mais là encore, l'armistice est signée et les avions surveillés.

Un dédoublement de la personnalité donne à sa mère une grande importance durant ce séjour. Elle l'accompagne dans tous ses trajets et le somme de réagir et de trouver une solution. Il doit continuer son combat et rejoindre le général de Gaulle. Alors qu'il tente de voler un avion, il est poursuivi par l'armée et devra pendre la fuite à pied en se cachant dans le "bordel" de Meknès.

La guerre met en évidence qu'il est soumis au destin et que ses idées héroïques doivent laisser place au possible, au déroulement des évènements....

L'arrivée à Londres se fait en bateau, en compagnie d'autres "insoumis" dont beaucoup tomberont. Romain égrène les noms des camarades dont les avions sont tombés. 3 survivants sur 50, engendrent souvenir et nostalgie.

Il repart en Afrique et se sent frustré : il aimerait combattre davantage. Les avions se crashent ce qui engendre une perte de temps. Entre convoyage et attente, il a le sentiment d'être inutile. Lui aussi connaît des accidents d'avions mais survit à chaque fois.

Nombre de ses amis meurent au combat... Un cimetière vivant qu'il garde dans ses souvenirs. Des regards vivants et gais qu'il retrouve dans la jeunesse d'aujourd'hui .

En Afrique, il attrape la typhoïde ... malgré l'extrême onction et les prédictions des médecins, il s'en sort miraculeusement. On a le sentiment qu'il est protégé par Mina et se sort de toutes les épreuves. Grâce aux lettres qu'elle lui fait parvenir, il puise l'énergie nécessaire à sa survie et à l'envie de la retrouver.

L'enfance

Romain vit son enfance dans un monde de femmes. Bichonné par sa mère et la gouvernante Aniela, il est également chouchouté par les couturières et les mannequins qui évoluent dans le salon de couture à Wilno.

Il décrit largement l'éducation fournie par Mina, ses tentatives malheureuses de musicien et de chanteur d'opéra, ses expériences plus heureuses à la danse et au dessin, son inclinaison pour l'écriture .. ses initiations au tir et à la vie mondaine. En résumé tout l'arsenal déployé par Mina pour en faire un homme du monde accompli et brillant.

Face à la personnalité forte de Mina, il ressent souvent le besoin de réconfort. Dans la cour de l'immeuble, il découvre la grange et son bric à brac, tant d'objets hétéroclites qui le font rêver.

Mais surtout, il surprend le pâtissier entrain de s'adonner à des actes charnels avec la serveuse.
Ces moments d'initiation répétés seront pour lui l'occasion de rassembler d'autres enfants. Une camaraderie étayée par le partage de ce spectacle. Fait assez rare, car on a plutôt le sentiment que Romain a peu d'amis excepté Pastèque et ses cours de magie.

La grange abrite un échafaudage de bois où il va s'abriter lorsqu'il est nostalgique. Là, il se lie d'amitié avec un petit chat...

L'enfance c'est aussi la découverte de l'amour à 9 ans. Pour Valentine, il accepte tous les défis. Mis en concurrence avec d'autres garçons de son âge, il avale araignées, papillons, vers de terre... chaussure en caoutchouc.

Arrivé à Varsovie, il se heurte à la défiance des garçons de sa classe qui le jalousent lorsqu'il évoque son départ en France et traitent sa mère de cocotte. Cet incident produira une rupture : le départ avancé pour Nice et le passage à l'adolescence.

Romain garde un très beau souvenir de ses années pleine de tendresse et d'amour partagés avec Mina.