Romain commence sa vie d'étudiant à Aix. Les adieux sont comme toujours douloureux avec sa mère qui lui fait parvenir des victuailles chaque jour ce qui le fait connaître de tout le quartier et favorise ses amitiés. Sur son balcon, s'amoncellent oeufs, fromages, saucissons, gigots...
Il connaît une histoire d'amour plutôt charnelle avec la charcutière qu'il a rencontré dans le car en quittant Mina. L'histoire aurait pu être insignifiante si cette dernière n'avait été voir Mina pour se faire épouser par Romain... En effet, elle évoque l'engagement de Romain qui lui a fait lire plusieurs romans de Proust et fait découvrir les romans russes. La liaison en restera là.
Un moment raconté avec humour par l'auteur qui retrouvera plus tard la charcutière mère de neuf enfants... Romain va poursuivre ses études à Paris.
Romain écrit un roman qui ne sera pas édité mais soumis à une critique odieuse de 20 pages rédigée par Marie Bonaparte. Pour Mina, c'est déjà le succès.
A Paris, commence la vie de jeune adulte et la vie de bohème. Le temps de la jeunesse se mêle à l'écriture. Deux nouvelles sont publiées ce qui fera bien sûr le bonheur de Mina. Mais entre deux nouvelles, il y a aussi les échecs...Romain dépense sans compter l'argent des éditeurs et se retrouve à sec lorsque les livres sont refusés. Il ne veut plus demander d'argent à sa mère. Aussi, entreprend-il maints travaux pour subvenir à ses besoins. Il sera livreur tricycle, garçon, réceptionniste , figurant... Cette vie intrépide lui apprendra beaucoup sur les rapports amoureux.
Lui aussi, connaîtra l'amour grâce à Brigitte, une belle suédoise, qui lui réserve bien des surprises.
Romain peaufine sa préparation militaire mais les choses ne se passent pas comme prévu. A la fin du stage, il est le seul recalé au grade de caporal alors que tous ses camarades sont promus sous-lieutenants. On lui évoque une naturalisation trop récente. Cette déception sera énorme car il rêvait d'offrir ces galons à Mina qui les attendait avec assurance. Il devra ruser pour lui apprendre la nouvelle en préservant son honneur et celui de la France. En effet, il lui dira avoir séduit la femme du commandant.
Les bruits de la guerre se rapprochent.. Mina lui demande d'aller tuer Hitler puis de renoncer au projet dans une scène pathétique. Arrive le temps de la mobilisation et celui des adieux. Romain reprend la scène du taxi déjà évoquée en début de roman où sa mère distribue les victuailles aux officiers afin qu'ils le protègent.
Romain commence à effectuer de nombreuses heures de vol. Il est à présent sergent. Un télégramme lui annonce que sa mère est très malade. Il la retrouve à l'hôpital et passe deux jours avec elle. Encore une scène d'adieu, la dernière sans doute.. En cadeau, il lève les yeux au ciel comme elle aimait qu'il le fasse afin de lui rappeler son père qu'elle n'a jamais cessé d'aimer.
Analyse
Romain ne donne pas de prénom à la charcutière sauf lorsqu'elle se retrouve chez Mina et que les deux femmes sympathisent; De par son métier, elle est comme une continuité au marché de la Buffa. Romain ne l'aime pas d'amour mais ne se projette pas non plus avec une famille nombreuse.
Sa vie parisienne est riche d'enseignement . Au niveau études, il poursuit son droit et sa préparation militaire. Mais surtout elle lui apprend la vie, celle des cafés, des rencontres amoureuses, des homosexuels. La multiplication des métiers souligne l'énergie dont dispose Romain, sa capacité aussi à se fondre dans tous les milieux.
Une vie d'étudiant qui dispose de la prérogative immense de la jeunesse. Ces chapitres nous renvoient à nos propres vies d'étudiant dans les foyers, les chambres des grandes villes où nous faisions nos études.
L'alternance entre l'opulence et la misère. Les excès quand l'argent arrive , lorsque les occasions de prendre de bons repas se présentent témoignent de cette envie de croquer la vie.
Une sorte de belle époque qui précède malheureusement des années beaucoup plus noires.
Romain met l'accent sur les idées préconçues, les préjugés, l'arbitraire. Le fait qu'il soit recalé relève du niveau de sa côte d'amour...
Cet évènement abominable a plusieurs conséquences : il découvre que les français peuvent être médiocres , avoir des idées toutes faites comme tous les peuples. La France descend ainsi de son piédestal.
Touché au plus profond de son être, Roman déclenche un instinct de résistance, une force qui lui permet d'aller de l'avant. C'est une force atavique. De plus, il fait preuve d'une inventivité qui rend sa mère heureuse et fière. Elle a toujours rêvé qu'il soit un grand séducteur alors séduire la femme du Commandant ..quelle audace ! On assiste encore une fois à la séparation douloureuse entre la mère et le fils exacerbée par le début de la guerre. Visionnaire, elle prédit qu'il ne lui arrivera rien à peine une blessure. Cet engagement, cette prédiction l'accompagneront durant toute la guerre et qui sait, le maintiendront en vie.
A la fin de sa vie, Mina réalise qu'il lui faudra une femme. Sa bénédiction et son sourire transmettent à son fils le courage d'aborder toutes les situations.
