Les Misérables

Les Misérables Résumé et Analyse

Livre premier : Un juste

L'histoire commence par une description de Monseigneur Charles-François-Bienvenu Myriel, évêque de Digne. Il est né dans une famille noble, riche en pouvoir et en privilèges. Bel homme, apprécié de tous, il se marie très jeune et est censé hériter de la position de son père. Cependant, la révolution met fin aux privilèges de sa famille et le contraint à fuir. Sa femme meurt en exil, le laissant sans enfant et seul. Ces expériences auraient pu faire de lui un homme endurci et insensible. Au contraire, il est devenu prêtre, se consacrant à la justice sociale, se conduisant avec humilité, gentillesse et bonne humeur.

On raconte beaucoup de choses sur Myriel. Il est devenu évêque à la suite d’une rencontre fortuite avec Napoléon ; Myriel a dit qu'il avait devant lui un grand homme et que Napoléon avait devant lui un homme ordinaire, mais qu'ils pourraient tous deux apprendre quelque chose de l’autre. Quelques jours plus tard, Myriel obtient le prestigieux évêché de Digne.

Il est arrivé à Digne accompagné de sa sœur, Mademoiselle Baptistine. Elle est grande, mince, et admiratrice de la bonté de son frère. Ils sont accompagnés de leur servante, Madame Magliore, une femme âgée et pragmatique.

Le palais de Digne est un lieu magnifique, composé de vastes jardins, de salles à manger somptueuses et de chambres luxueuses. Il est situé à côté de l'hôpital, un bâtiment minuscule et exigu. Myriel décide de transférer l'hôpital dans le palais épiscopal tandis que lui, sa sœur et leur servante s'installent dans l'ancien hôpital.

Myriel consacre la majeure partie de sa généreuse allocation à des causes charitables (nourriture pour les patients de l'hôpital, maternités et orphelinats) et en réserve une petite partie pour subvenir aux besoins de sa sœur, Madame Magliore et lui-même. Il fait don de tout ce qu’on lui offre à des œuvres de charité. Il suscite la surprise des habitants en se rendant dans une ville voisine sur un âne, un moyen de transport inapproprié pour un homme de son rang. Il convainc les riches de donner davantage aux pauvres et s’adresse à chacun comme à son égal.

Myriel n'est pas intimidé par les personnes violentes ou dangereuses. Il se rend dans la cellule d'un meurtrier totalement dépourvu de remords. Myriel reste assis près de lui toute la nuit et lui parle avec la tendresse d'un père ou d'un frère, l'aidant à faire la paix avec sa vie et à affronter la mort calmement. Myriel est hanté par l'exécution du condamné et méprise la peine de mort.

L'évêque est un homme érudit et savant. Quand il ne s'occupe pas de son peuple, il étudie la Bible et lit les travaux de théologiens obscurs. Ses seuls plaisirs sont d’entretenir sa maison et de conserver quelques objets en argent, dont des couteaux, des fourchettes et deux magnifiques chandeliers qu'il a hérités d'une grand-tante. Malgré ces précieux trésors, Myriel ne verrouille jamais sa porte la nuit ; il veut être disponible pour quiconque en a besoin.

Un incident se produit lorsque Myriel prévoit de se rendre dans un village éloigné pour prêcher. La région est terrorisée par un groupe de bandits qui a récemment dévalisé une cathédrale. Cependant, les bandits ne lui font pas de mal et rendent les objets volés de la cathédrale afin que Myriel puisse assurer le service religieux.

Malgré sa bonté, Myriel n'est pas sans défauts. Il se rend contre son gré sur le lit de mort d'un vieux révolutionnaire pour lui donner les derniers sacrements. Il discute avec l'homme du mal causé par la révolution ; le vieux révolutionnaire soutient que c'était nécessaire pour les gens ordinaires, qui ont été opprimés pendant trop longtemps. Si Myriel n'accepte jamais entièrement l'argument révolutionnaire, cette rencontre renforce son engagement envers les pauvres.

Myriel est un homme à la foi profonde et simple. Il ne se soucie guère de l'ambition des autres évêques et se concentre plutôt sur l'amour des gens qui l'entourent.

Livre deuxième : La chute

Un étranger en haillons apparaît dans la ville de Digne. Il tente de trouver le gîte et le couvert dans une auberge locale, mais c'est impossible – l'homme s'appelle Jean Valjean et est un ancien détenu. Aucune auberge ne veut nourrir ou héberger un homme ayant un casier judiciaire. En désespoir de cause, il frappe à la porte de la prison pour demander un gîte pour la nuit mais on lui répond que la seule façon d'y entrer est de se faire arrêter à nouveau. Il mendie un verre d'eau aux habitants d’une maison mais l'homme qui s'y trouve menace de le tuer s'il ne part pas. Valjean ne trouve ni nourriture ni abri.

Il s'allonge sur le banc d’un parc. Une femme lui donne quelques pièces et lui suggère d’aller trouver l'évêque Myriel. Il arrive à la maison au moment où Myriel, Baptistine et Madame Magliore sont à table. Madame Magliore est horrifiée par l'apparence de l’étranger ; elle a entendu des rumeurs sur un vagabond échevelé qui se trouve en ville et a peur qu'il ne les vole ou ne leur fasse du mal. Jean Valjean explique sa situation désespérée et Myriel l'invite à dîner avec eux. Jean Valjean est stupéfait de la gentillesse de l'évêque.

Valjean vient de purger une peine de dix-neuf ans de prison, dont cinq pour avoir volé une miche de pain destinée à nourrir ses neveux et nièces affamés et quatorze pour une série de tentatives d'évasion. Il méprise l’injustice et la société en général. Depuis sa libération, quiconque prend connaissance de son passé refuse de lui adresser la parole.

Myriel se comporte différemment. Il permet à Valjean de rester dans sa maison et lui offre un lit confortable. Valjean attend que la maisonnée soit endormie, puis se rend dans l'armoire où est rangée l’argenterie et la vide dans son sac à dos, avant de sortir discrètement de la maison.

Myriel n'est pas inquiet lorsqu’il constate le vol de l'argenterie et la disparition soudaine de Valjean le lendemain matin. Lorsque Valjean est amené à la maison par les policiers, Myriel explique qu’il a offert les objets à Valjean ; il apporte les chandeliers d'argent, le réprimandant pour les avoir oubliés. Les gendarmes relâchent Valjean, stupéfait. Myriel lui demande d’utiliser ces objets pour devenir un honnête homme. Peu après, Valjean rencontre un petit garçon qui joue à pile ou face et lui vole sa pièce. Le dégoût qu'il éprouve devant cet acte lui montre qu'il est un homme changé.

Livre troisième : En l'année 1817

L'auteur plante le décor de ce chapitre en décrivant les événements culturels, sociaux, politiques et intellectuels de l'année 1817. Il se concentre rapidement sur la vie d'une jeune femme nommée Fantine.

Fantine a grandi dans la pauvreté. Elle est d'une grande beauté avec ses cheveux blonds dorés et ses dents blanches. Elle fréquente un jeune homme nommé Félix Tholomyés, un étudiant parisien, connu pour son humour grossier et sa vie de plaisirs. Lui et ses comparses se retrouvent souvent en compagnie de Fantine et ses amies, Dahlia, Zéphine et Favourite.

Les quatre jeunes hommes emmènent les quatre jeunes femmes pour une journée à la campagne et un dîner romantique aux chandelles. Ils leur laissent entendre qu’une surprise les attend. Au cours du dîner, Tholomyés expose sa philosophie de vie : tous les hommes devraient coucher avec de nombreuses femmes et toutes les femmes devraient renoncer au mariage. Les hommes quittent la pièce en annonçant que l’heure de la surprise est venue. Un court moment passe, puis une lettre arrive, expliquant que les hommes sont retournés chez leurs parents et qu'ils ne reviendront jamais. Dahlia, Zéphine et Favourite rient de cette farce cruelle mais pleine d'esprit. Fantine est dévastée : elle a donné naissance à l'enfant de Tholomyés, un bébé d'environ un an.

Livre quatrième : Confier, c’est quelque fois se livrer

Deux enfants jouent sur les décombres d'une machine de guerre abandonnée lors de la bataille de Waterloo, tandis que leur mère, une femme forte et robuste, veille sur eux. Une femme en haillons s'approche ; c'est Fantine, reconnaissable à ses cheveux blonds et à ses dents blanches, qui porte sa petite fille. Après avoir été abandonnée par Tholomyés, Fantine a connu des moments difficiles. Elle ne trouve pas de travail et a du vendre tous ses biens pour payer ses dettes. Elle a décidé de quitter Paris et de retourner dans son village natal, mais elle ne peut pas emmener sa fille avec elle. Elle n'aura aucune chance de trouver un bon emploi si l'on apprend qu'elle a une fille illégitime.

Sa petite fille Cosette va jouer avec les deux autres enfants. Les observant ensemble, Fantine demande avec hésitation à la femme si elle accepterait de garder sa fille pendant un certain temps. Fantine espère que sa fille sera aussi bien traitée que ces enfants heureux et propres. Elle propose de payer à la femme une petite somme chaque mois pour ce service. La femme, Madame Thénardier, consulte son mari. Ils demandent à Fantine une somme plus élevée, qu'elle accepte.

Alors que Fantine s'en va, Madame et Monsieur Thénardier se félicitent du piège habile qu'ils lui ont tendu. Les Thénardiers sont des gens cupides, lâches et égoïstes, qui n’hésitent pas à profiter des misères des autres. Toutefois, ils chérissent leurs filles, Éponine et Azelma.

Les Thénardiers considèrent Cosette comme une source de revenus mais aussi une servante. Malgré son très jeune âge (elle n'a pas encore cinq ans), ils la forcent à effectuer la plupart des tâches ménagères. Les habitants du village la voient souvent, tôt le matin, balayer le sol devant la maison. Les Thénardiers extorquent encore plus d'argent à Fantine lorsqu'ils découvrent que Cosette est une enfant illégitime. La petite fille grandit privée d'amour, ne recevant que le minimum nécessaire pour survivre.

Analyse

Il est curieux de consacrer les soixante-dix premières pages du roman à la description d'un personnage relativement secondaire (Myriel n'apparaît que dans ces chapitres), mais l'évêque au grand cœur offre le modèle de bonté qui façonnera le reste du récit.

L'auteur utilise une série d'anecdotes pour décrire le caractère de Myriel. Le lecteur en garde une image forte d'altruisme, de bonté, de bonne humeur et de générosité. Pourtant, Myriel n'est pas une caricature ; il agit froidement envers le révolutionnaire mourant, peut-être parce que celui-ci a participé au violent soulèvement qui a détruit sa famille.

Valjean incarne les effets néfastes de la pauvreté sur la société. Il est difficile de condamner son crime initial (le vol de pain pour nourrir les enfants de sa sœur) tout comme il est difficile de lui reprocher la colère qu'il ressent face à la sévérité de sa punition. Même après avoir rencontré l'évêque Myriel, le choix de Valjean de mener une vie de bonté n'est pas facile à mettre en œuvre car il a de nombreuses raisons de haïr ses prochains.

Le roman met ensuite l'accent sur l'innocence et la bonté de Fantine. Victime du sexisme et du classisme, elle aime profondément Tholomyés, qui la considère comme un simple objet de plaisir. Elle ne peut l’obliger à assumer la charge de leur petite fille. En raison de la terrible stigmatisation de la maternité non mariée, elle ne peut gagner sa vie qu'en laissant sa fille à des étrangers.

Au travers des histoires de Fantine et de Valjean, Victor Hugo propose une critique puissante d’une société dans laquelle seul le crime permet de survivre. L’auteur souligne toutefois qu’il est également possible de choisir une vie de bonté et de charité.