Madame Bovary

Madame Bovary Résumé et Analyse

Chapitre I

Cette partie commence par la description de la ville que Charles et Emma vont habiter, Yonville-l’Abbaye. On y découvre l’auberge du Lion d’Or, la pharmacie de Monsieur Homais, et le cimetière, où les fossoyeurs, les Lestiboudois, cultivent des pommes de terre. La nouvelle de l’arrivée de Charles et Emma va bon train, et les villageois attendent leur venue. Le couple arrive tardivement car le chien d’Emma s’est échappé pendant le voyage et n’a pas été retrouvé. Dans ses moments de découragements, le chien était une des rares choses qui apportaient un semblant de bonheur à Emma. Ainsi, lorsqu’il l’abandonne pour sa liberté, Emma est contrariée et en colère. Elle arrive à Yonville de mauvaise humeur.

Chapitre II

L’homme de Yonville avec qui Charles a correspondu s’appelle Homais, un apothicaire qui possède la pharmacie. Homais est un homme pompeux qui se croit savant en médecine. Il est prêt à discuter la négociation avec Charles. A peine arrivés, Homais se joint aux Bovary pour dîner à l’auberge du village. Léon, un jeune clerc, pensionnaire d’Homais, est invité à les rejoindre au repas. Pendant qu’ils mangent, Charles et Homais parlent de médecine, et Emma et Léon se lient autour de leurs points communs.

Comme Emma, Léon aime les romans romantiques et rêve souvent de grandes choses. Après avoir découvert leurs points communs, les deux sentent une proximité et croient qu’ils ont finalement trouvé en l’autre un compagnon de qualité. Quand les Bovary arrivent dans leur nouvelle maison, Emma à l’espoir d’un nouveau départ. Elle pense que la vie dont elle a toujours rêvé va peut-être enfin advenir.

Chapitre III

Léon a clairement développé des sentiments pour Emma ; il ne peut pas la sortir de son esprit. Pendant ce temps, la pratique médicale commence doucement pour Charles, mais il est très enthousiaste à propos de la grossesse d’Emma. Emma donne naissance à une fille mais elle est déçue car elle espérait un garçon. Après quelques pourparlers, ils la prénomment Berthe. Les parents de Charles leur rendent visite pendant un mois pour le baptême de Berthe. Les tout premiers mois, le bébé est envoyé chez une nourrice jusqu’à son sevrage, comme le voulaient les traditions de l’époque. A un certain moment, Emma se sent particulièrement seule, et décide de rendre visite à son bébé pour ressentir autre chose que du mécontentement. Pendant son trajet vers la maison de la nourrice, Emma se sent faible, et lorsqu’elle voit Léon, elle lui demande de l’accompagner. Comme le village est tout petit et que tout le monde surveille tout le monde, des rumeurs circulent rapidement. Saisissant l’occasion de la visite d’Emma, la nourrice demande de nombreux avantages. Après sa visite, Emma et Léon se promènent le long de la rivière, chacun ressentant de la passion et de la romance pour l’autre.

Chapitre IV

L'hiver est arrivé, Charles et Emma dînent souvent avec Homais le dimanche soir. Léon participe également à ces repas, pendant lesquels Emma et lui continuent à développer leur lien. Tout deux sont puissamment attirés l’un par l’autre, mais ils n’admettent pas leurs sentiments. Charles est aveugle sur cette relation naissante, mais les villageois sont persuadés qu’Emma et Léon ont déjà entamé leur aventure.

Chapitre V

Emma est une fine observatrice. Comme elle met en comparaison son mari avec d’autres hommes, elle en conclut qu’il est médiocre et n’a rien à offrir. Elle réalise aussi que Léon est amoureux d’elle. Lors de leur rencontre suivante, Emma et Léon se sentent tout deux bizarres et anxieux. Ayant entraperçu la possibilité d’une aventure, Emma devient de plus en plus nerveuse et s’imagine en martyre, souffrant de son amour impossible. Tout en jouant le rôle d’épouse attentive et loyale, elle cache de forts sentiments pour Léon et se punit elle-même en arrêtant de s’alimenter. Berthe est ramenée chez ses parents, après la période de sevrage chez la nourrice, et Emma tente alors de se distraire avec sa fille. Mais son désir pour Léon la dépasse, elle s’apitoie sur elle-même. Sournoisement, le commerçant Llheureux propose de lui octroyer des prêts, en cas de nécessité.

Chapitre VI

Emma entend les cloches de l’église sonner et décide de chercher dans ses racines religieuses un secours à son malheur et son désespoir. Mais l’Abbé Bournisien est préoccupé par un groupe d’élèves de catéchisme récalcitrants, et il ne perçoit pas la détresse d’Emma. Après l’échec de cette visite, celle-ci se retrouve de plus en plus frustrée et en colère. De retour à la maison, elle repousse physiquement Berthe qui tombe par terre et se coupe. En la voyant saigner, cela extrait Emma hors de sa torpeur. Elle dit à Charles ce qui vient de se passer, mais en prétendant que Berthe était simplement en train de jouer, que la chute n’était qu’un accident. Emma s’exclame qu’elle est une mauvaise mère, mais Charles la rassure.

Léon décide d’étudier le droit à Paris. Cependant il aime Emma, il pense que leur romance est impossible parce qu’elle est mariée, et Yonville l’ennuie de toute façon. Léon est happé par toutes les opportunités de romance et les aventures qui l’attendent à Paris. Lorsque Léon et Emma font leurs adieux, ils sont bizarres et silencieux, mais ils estiment la force de leurs sentiments mutuels. Après le départ de Léon, Charles et Homais discutent en quoi la vie citadine est intrigante et combien elle peut être difficile.

Analyse

Chapitre I-III

Dans la description détaillée de la modeste et morne ville de Yonville, Flaubert utilise le langage poétique pour comparer cet endroit à «un homme en pantoufles de peau verte, quelque peu marqué de petite vérole et coiffé d'un bonnet de velours à gland d'or». Cette description romantique d’une ville modeste est plausible pour le lecteur, mais cette beauté échappe à Emma. Donc Flaubert démontre à quel point la vision d’Emma est étriquée. Au lieu de voir la beauté de Yonville, elle est s’ sent est piégée et seule, décrivant Yonville comme une « contrée bâtarde ». La propension d’Emma à voir les choses d’une manière romantique la rend aveugle à la simplicité et à la beauté des choses qui l’entourent.

Léon, qui partage sa passion pour le romanesque, est le parfait contrepoint idéalisé d’Emma. Pourtant, en réalité, le lecteur s’aperçoit dès le premier dîner de la simplicité et de la banalité de la conversation d’Emma et Léon. Ils discutent de la façon dont les livres ont changé leurs vies. Dès lors, ils s’imaginent que leur conversation est hautement intéressante. C’est la première étape du chemin sur lequel Léon embarque Emma avec ses espoirs et ses désirs romantiques, qui commence à tomber amoureuse.

La naissance de Berthe est une déception car elle aurait voulu avoir un garçon. Un fils aurait eu plus de chance d’aller vivre ses rêves (et les rêves de sa mère) plutôt qu’une fille. Même si Emma souhaite être libérée, elle approuve et contribue aux préjudices antiféministes vis-à-vis de sa propre enfant. Emma, en tant que femme et épouse, se sent piégée par les circonstances, l’empêchant de mener sa vie comme elle le souhaite, même si dans le roman on la voit se démener plus que quiconque pour changer son destin. Mais Emma, à ce moment-là, ne voit que ses limites. Elle note, “Un homme, au moins, est libre ; il peut explorer les passions et les pays, surmonter les obstacles, goûter aux bonheurs les plus lointains. Mais une femme est empêchée continuellement ». A la naissance de sa fille, Emma espère quand même pouvoir accéder au glamour par procuration à travers sa fille, mais lorsqu’elle réalise qu’elle ne peut pas se permettre des vêtements onéreux et des meubles pour Berthe, elle perd l’espoir de réaliser ses idéaux romantiques de cette manière.

Les villageois de Yonville nous aident à comprendre la vie de village et le statut d’Emma et Charles dans la structure sociale locale. Par exemple, la nourrice vit dans une petite hutte avec les enfants qu’elle garde, et n’a pas honte de réclamer des choses à Emma qu’elle même ne peut pas s’offrir, comme du café, du savon et du cognac. A travers cet exemple, on voit qu’en comparaison avec la majorité de la société locale, Emma est assez aisée même si elle ne fait pas partie de l’aristocratie. Comparée à Emma, l’aubergiste est une femme simpliste aux préoccupations banales, et, contrairement à Emma, elle accepte sa position sociale et profite en arrivant tout de même à atteindre un certain degré satisfaction.

Chapitres IV-VI

Le chapitre IV s’achève sur un éclaircissement des sentiments d’Emma. Flaubert décrit la honte que Léon ressent d’être trop timide pour déclarer son amour, et on apprend qu’il lui a déjà écrit de nombreuses lettres, immédiatement déchirées afin de ne pas risquer de les lui donner. Léon aurait fortement désiré qu’Emma ne soit pas mariée pour ainsi nourrir et admettre ses sentiments envers elle. Quant à Emma, l’accent est mis sur elle et sur ses propres pensées amoureuses par Flaubert à ce moment du récit. La vision d’Emma sur l’amour est idéaliste, tout comme ses vues sur toute chose ; elle croit qu’il peut juste « arriver tout à coup, avec de grands éclats et des fulgurations, – ouragan des cieux qui tombe sur la vie, la bouleverse, arrache les volontés comme des feuilles et emporte à l'abîme le cœur entier ». Flaubert fait la satyre de cette vision romantique en expliquant, « Elle ne savait pas que, sur la terrasse des maisons, la pluie fait des lacs quand les gouttières sont bouchées, et elle fût ainsi demeurée en sa sécurité, lorsqu'elle découvrit subitement une lézarde dans le mur ». Ici, Flaubert se moque du point de vue fantasque d’Emma et son déni de la réalité. Encore une fois, le conflit ultime de la vie d’Emma est démontré: elle aspire au romantisme et à la passion, mais elle est continuellement frustrée par les réalités de la vie, n’accédant jamais à ses fantasmes.

Pour sa défense, Emma tente toutefois de contrôler son attirance sentimentale pour Léon. Pour se dédouaner de ses sentiments, elle s’évertue à devenir l’épouse et la mère parfaite, et joue le rôle d’une martyre. Elle ne voit aucune joie possible dans sa famille actuelle. Alors qu’elle est agacée par sa fille, elle la rejette et la blesse, ce qui annihile tous ses espoirs d’être une bonne mère de famille. Juste avant de la pousser, Emma regarde sa fille avec dégoût, comme une entrave supplémentaire à sa vie, une contingence qui la retient et l’empêche de vivre ses fantasmes. En fait, Emma n’était pas très enthousiaste de sa grossesse depuis le début. Elle ne fait pas confiance en ses qualités d’instinct maternel, et ne trouve aucun plaisir à être l’épouse de Charles ni la mère de Berthe. La seule chose qui empêche Emma d’être infidèle est la décision de Léon de déménager à Paris.

La suffisance d’Homais est un archétype de ce que Flaubert méprise de la nouvelle bourgeoisie. De plus, au travers des propos échangés entre Emma et le prêtre, Flaubert disserte sur la superficialité de la religion des bourgeois. A ce moment-là, Emma est en manque d’assistance et réalise qu’elle a besoin d’aide ; elle pense qu’elle n’a nulle part où aller. Profondément insatisfaite de sa vie, elle appelle au secours en se tournant vers le prêtre en ultime recours pour tenter de se sauver. Mais l’Abbé Bournisien est préoccupé par le chahut de ses élèves, et il ne prend pas au sérieux les inquiétudes d’Emma et son besoin. Même si Emma avait pu arriver à un meilleur moment pour l’Abbé, il est fort probable qu’il ne l’aurait pas compris de toute manière. Lorsqu’Emma explique sa souffrance, l’Abbé pense qu’elle fait référence à la chaleur de l’été. Cette opportunité ratée est une critique implicite de la superficialité de l’église en ces temps, la réponse étant orientée principalement sur le chahut ambiant et les prétendus besoins superficiels.

D'un point de vie littéraire, on constate la technique novatrice grandissante de la narration de Flaubert. En opposition avec beaucoup de ses contemporains, Flaubert marie étroitement sa prose avec le sujet de son récit. Par exemple, durant les descriptions de l’ennui d’Emma, la cadence du texte ralentit considérablement ; la lecture paraît plus longue. En revanche, lorsqu’Emma est surexcitée et prise par le cours de sa vie, le rythme s’accélère alors vivement.

Enfin, à l’évidence, lorsque Llheureux prévient Emma qu’il peut lui prêter de l’argent, il préfigure à la fois sa chute prévisible en raison de ses dettes énormes, ainsi que son propre rôle dans cette déchéance.