Le Comte de Monte-Cristo

Le Comte de Monte-Cristo Résumé et Analyse

Chapitre 1

En date du 14 février 1815, le vaisseau Le Pharaon après un long voyage de trois mois, revient à Marseille. L’armateur, M. Morrel, regarde le navire entrer dans le port et saute rapidement dans une petite canot pour aller à sa rencontrer. Une fois à bord, M. Morrel et le lecteur font la rencontre du protagoniste, Edmond Dantès. Il est décrit comme un jeune entre dix-huit et vingt-ans avec des yeux noirs et « des cheveux d’ébène ». Calme, il a un air de résolution particulier aux hommes habitués depuis leur enfance à lutter avec le danger. M. Morrel découvre que Dantès, second du capitaine au départ du navire, assume à présent pleinement le poste de capitaine suite à l’infortune du navire à la mort du vétéran, le vieux Capitaine Leclèrc. Ainsi, c’est maintenant Dantès qui est aux commandes du navire. Son équipage l’apprécie et obéit à ses ordres rapidement et avec précision. M. Morrel est impressionné et donc projette de nommer officiellement Dantès capitaine du navire. Cependant, au préalable il doit consulter son associé. M. Morrel discute avec Danglars, le comptable du navire, qui n’éprouve que de la haine envers Dantès. Danglars se plaint à M. Morrel du retard d’un jour et demi, pris par Dantès à l’Île d’Elbe. Dantès clarifie sa responsabilité en expliquant à M. Morrel qu’il avait un paquet à livrer de la part du défunt Capitaine. Le paquet était pour l’Empereur Napoléon lui-même. M. Morrel est ravi. En discutant, Danglars le met en garde par rapport à l’existence d’une lettre que Dantès pourrait lui avoir caché. M. Morrel imagine que si une telle lettre existe, Dantès la lui donnera. Il ne doute pas de l’intégrité de ce dernier. Dantès décline cependant l’invitation à dîner de M. Morrel ce soir-là, parce qu’il doit d’abord retrouver son pauvre père et sa fiancée Mercedes. Le chapitre s’achève sur Dantès qui s’en va en ramant suivi du regard par M.Morrel et Danglars.

Analyse :

Dumas introduit un climat dramatique et de suspense dans ce premier chapitre. Certaines des premières scènes rencontrées sont celles d’un capitaine décédé et d’un navire dont la cargaison est indéfinie. La mort du Capitaine prépare le lecteur à ce qui semble être un roman d’aventure. La mort est aussi un levier que Dumas utilise afin d’établir d’emblée le conflit central de la totalité de l’œuvre. Le succès de Dantès nourrit la nature jalouse des autres, comme Danglars. Dantès est présenté comme un jeune naïf, malgré son goût pour le danger et sa capacité à commander un navire. M. Morrel vante la jeunesse et le talent de Dantès à Danglars. M. Morrel n’est pas un homme d’intuition. Il ne ressent aucunement la haine que Danglars à envers Dantès. Ce dernier a tous les attributs pour la réussite, toutefois il a comme ennemi l’envieux Danglars. Danglars est résolu à détruire Dantès. Lorsqu’il mentionne la lettre cachée, Danglars sème les graines de la ruine de Dantès. Danglars est malhonnête. Sa déception est révélée quand il rougit en discutant avec M. Morrel. Ce dernier souhaite savoir comment Danglars est au courant d’un paquet secret livré par Dantès à Napoléon. Danglars se démène pour s’extirper de la suspicion de Morrel, mais le lecteur n’est pas dupe. Dantès cependant fait l’erreur de ne pas évincer Danglars lorsqu’il en a l’occasion. Il déclare avec éloquence à M. Morrel qu’il fera confiance à Danglars si Morrel lui-même est convaincu qu’il en est digne. Pourtant, ce dernier ne le mérite pas, comme nous le verrons plus tard.

Aussi, un autre point important dans ce premier chapitre est l’hommage à Napoléon. La scène se déroule en 1815 quand Napoléon est en exil sur l’Île d’Elbe. On constate à travers l’excitation de Morrel à l’évocation du nom de l’Empereur, le respect de Dumas pour l’ancien Empereur. En outre, des funérailles appropriées à son rang sont accordées au Capitaine décédé en convenance avec les traditions de l’armée napoléonnienne. Le père de Dumas était lui aussi un Général et un proche ami de Napoléon. Cela à peut-être influencé Dumas à faire un tel hommage en honorant le Capitaine. Les héros de guerre devaient être vénérés.

Chapitre 2

A présent, le décor dans ce chapitre n’est plus le navire. L’action se déroule dans la chambre du père de Dantès. Le vieil homme est débordant de joie à la vue de son fils. Il lui fait part du projet de son nouveau poste. Il projette de lui acheter une maison une fois qu’il aura obtenu cette promotion avantageuse. Dantès est surpris de retrouver son père avec les joues creuses. Son père a utilisé cent quarante francs sur les deux cents que son fils lui avait laissés avant de partir en mer, pour rembourser leur voisin Caderousse, qui réclamait son argent. Le vieux Dantès a ainsi souffert de ces privations. Il n’y a plus de vin non plus. Dantès vide ses poches sur la table, ce qui éblouit le visage de son père à la vue de douze pièces d’or.

Caderousse vient accueillir Dantès. Ce dernier se dépêche de détromper le voisin qui a repéré les pièces d’or et qui fait un commentaire sur l’apparent profit de sa traversée en mer. Dantès prétend que c’est en fait l’argent de son père. Il tente à la fois de cacher son succès et protéger la fierté de son père, qui ne souhaite pas être perçu comme dépendant de son fils au regard du village. Caderousse continue de se mêler des affaires de Dantès. Ayant déjà discuté avec le mauvais Danglars, Caderousse a déjà entendu parlé du désir de M. Morrel de nommer Dantès nouveau capitaine. Il réprimande Dantès d’avoir décliné l'invitation à diner de M. Morrel. Dantès répond qu’il espère devenir capitaine sans la flatterie des mécènes. Caderousse s’enquièrt aussi de Mercédès. Il accroît le malaise de Dantès en évoquant les nombreux admirateurs de sa fiancée. Cependant, ce dernier à confiance en elle. Il les quitte pour se rendre aux Catalans, chez Mercédès.

Caderousse s’en va à la rencontre de Danglars qui l’attend en bas. Il lui rapporte que Dantès se vante de son nouveau poste de capitaine. Il lui suggère qu’il serait préférable pour Dantès de ne pas devenir capitaine, car s’il le devenait, il ne serait plus accessible. Caderousse mentionne aussi qu’il n’apprécie pas spécialement Dantès, et qu’il a vu Mercédès avec un autre admirateur. Danglars et Caderousse s’allient contre Dantès. Ils vont boire du vin à l’auberge de La Réserve en attendant des nouvelles du jeune homme.

Analyse :

L'influence du style dramatique de Dumas est évident. Le décor du chapitre II se déroule comme une scène de théâtre. De nouveaux personnages sont introduits au lecteur. Le père de Dantès vient illustrer le modeste statut de la famille. Il sert aussi de levier pour Dumas afin d’illustrer les bonnes intentions de Dantès une fois qu’il gagnera de l’argent. Caderousse est un hypocrite qui lui aussi est jaloux de Dantès. Il dit à Dantès que tous ses amis se réjouiront de la nouvelle de son nouveau poste, alors qu’au fond, il confie à Danglars qu’il le trouve impertinent. Il ne souhaite rien d’autre que sa disparition. Ainsi, il trouve en Danglars un ami. Dumas préfigure la disparition de Dantès en faisant allusion au pouvoir de Danglars sur sa destinée. Dumas achève ce chapitre sur une scène où Caderousse et Danglars boivent un verre sous des arbres bourgeonnants et le chant des oiseaux. L’air du printemps symbolise le renouvellement de leur optimisme qu’ils ont puisé l’un dans l’autre et le plan qui s’apprête à naître.

Chapitre 3

Danglars, Caderousse, et Fernand sont toujours à La Réserve. Caderousse devient de plus en plus ivre. Fernand avoue qu’il est amoureux de Mercédes et qu’en tant que prétendant potentiel, il déteste Dantès. Il confie à Danglars que Mercédes a menacé de se tuer si quoi que ce soit arrivait à Dantès. Danglars à le projet de faire échouer le mariage sans pour autant assassiner Dantès. Fernand lui n’a aucun plan. Danglars ironise que le Français trouve des solutions alors que l’Espagnol rumine ses problèmes (Fernand est Catalan). Fernand réalise que Danglars déteste aussi Dantès, sans savoir quelles sont les racines de cette haine. Danglars commande encore du vin pour Caderousse, qui à ce moment-là n’est déjà plus en possession de sa raison. Il demande aussi au serveur une plume, une feuille de papier et de l’encre. Il écrit une lettre au procureur du roi, incriminant Dantès comme agent de Bonaparte. La lettre doit être anonyme, et ainsi Fernand ne passera pas pour coupable au regard de Mercédes. Danglars dupe Caderousse en lui présentant la lettre comme une plaisanterie. Il jette la lettre dans un coin de la pièce, car il sait que Fernand ira la récupérera pour la livrer, une fois qu’il se lèvera pour ramener l’homme ivre chez lui.

Analyse :

Ce chapitre est primordial car la lettre de Danglars symbolise la fatalité de Dantès. C’est une lettre anonyme, qui de cette façon causera la perte de son nom à Dantès, oublié en prison. Les trois conspirateurs feront plus tard l’objet de la rage et de la revanche de Dantès une fois qu’il les aura démasqués. Il est à noter que Caderousse n’a pas grand-chose à voir avec l’écriture de la lettre en elle-même. Il est saoul au point d’être inconscient, lorsqu’il en réalise le contenu, alors Danglars prétend que c’est une plaisanterie. L’ivresse de Caderousse illustre une exagération de sa personnalité de suiveur influençable. La faute de Caderousse consiste en sa lâcheté pour dénoncer le malfaisant Danglars et intercepter la lettre avant sa réception. C’est Danglars qui tire les ficelles; Fernand sans Danglars n’aurait été à peine qu’un amoureux éconduit. Pour autant, Danglars et Fernand vont tirer profit tous deux de la disparition de Dantès.

Chapitre 4

Les festivités pour Dantès et Mercédes ont lieu à l’auberge, La Réserve. Danglars, Fernand et Caderousse sont présents. Ce dernier à un vague souvenir de la soirée précédente, ayant même déjà oublié ses griefs à l’encontre de Dantès. La nourriture et les boissons disponibles l’influencent. Fernand et Danglars cependant ont gardé en tête la conspiration de la nuit précédente. Fernand est mal à l’aise, transpirant, et il est en alerte. Il s’attend à ce que les autorités fassent irruption à tout instant pour arrêter Dantès. Dantès et Mercédes ne perçoivent pas son comportement, trop occupés à leur bonheur.

M. Morrel est aussi un convive important de cette fête. Il n’y a aucun doute dans l’esprit de tous que Dantès deviendra le nouveau capitaine du Pharaon. Lorsque la fête commence, Mercédes se place entre son père et Fernand. Dantès fait de même en se plaçant entre Danglars et M. Morrel. De somptueux fruits de mers sont servis.

Dantès révèle à ses convives enivrés que Mercédes et lui seront mariés dans moins d’une heure et demi. Ceci surprend Fernand et Danglars, qui espéraient que la cérémonie prennent plus de temps. Dantès a usé de l’influence de M. Morrel pour contourner les formalités habituelles. Mercédes et Dantès ayant peu de biens, le contrat de mariage a été facile à rédiger.

Quinze minutes avant que l’heureux couple soit marié, les autorités arrêtent Dantès. Il se rend avec dignité. Il assure à tout le monde qu’il s’agit d’une erreur qui sera vite éclaircie. Le père de Dantès plaide auprès des soldats, sans succès. M. Morrel devant ces moyens dérisoires et s’en va à Marseille pour découvrir la vérité sur le sujet. Caderousse suspecte maintenant Danglars et Fernand, et les menace de dénoncer leur complot. Mercédes est dévastée et sanglote de façon incontrôlable.

M. Morrel revient de Marseille défait. Il révèle aux convives que Dantès a été accusé d’être un agent bonapartiste. Maintenant Caderousse est convaincu de la culpabilité de Danglars. Danglars lui cloue le bec en lui révélant que le Pharaon s’était arrêté à Elbe (où Napoléon est en exil), ainsi qui détient vraiment la vérité sur les accusations ? Caderousse décide ainsi égoïstement qu’il est mieux d’attendre et de voir ce qu’il va se passer avant d’aider Dantès. Danglars réussit aussi à convaincre Caderousse qu’il a détruit la lettre qu’il avait écrite, incriminant Dantès. Il soupçonne Fernand d’en avoir peut-être fait une copie et de l’avoir portée aux autorités. Mais il assure Caderousse qu’aucun des deux n’en pâtira, puisque la lettre était anonyme.

Pendant ce temps-là, Fernand devient le protecteur de Mercédès, et Danglars va devenir le capitaine du Pharaon jusqu’au Dantès. Danglars croit que Dantès ne reviendra jamais de toute façon.

Analyse :

Ce chapitre illustre comment Dumas utilise pour son récit des événements historiques comme toile de fond. Danglars se sert de la situation politique en France pour fourbir son instrument de vengeance. Napoléon est en exil et les royalistes sont au pouvoir, ainsi quiconque accusé de se liguer avec l’ancien dirigeant sera fermement puni. Dans ce système politique instable, tout ce que Danglars doit faire pour évincer Dantès est de l’accuser d’être un agent bonapartiste.

Danglars se révèle indigne à tous les niveaux. Non seulement parce qu’il dénonce Dantès, mais aussi parce qu’il convainc Caderousse que c’était Fernand et non lui-même le vrai responsable. Danglars, bien sûr, était à l’origine du complot. Le chapitre se clôt sur un monologue de Danglars qui révèle au lecteur qu’il est parvenu à ses fins, et qu’il est probable que Dantès ne revienne jamais. Ces déclarations ajoutées à la lettre dénonciatrice sont des preuves de la trahison de Danglars. Ce dernier assure à Caderousse que cette sale histoire ne peut remonter jusqu’à eux, puisque l’écriture de la lettre avait été déguisée. Il ne présage pas qu’il deviendra évident pour Dantès (avec l’aide de l’abbé Faria) qu’il était responsable de l’accusation, puisqu’il n’y aura pas à chercher bien loin pour le découvrir. Fernand épouse Mercédès, et Danglars devient capitaine du Pharaon. Les peurs de Caderousse seront avérées, en ce que l’emprisonnement de Dantès mènera éventuellement à la chute de ses accusateurs.

Chapitre 5

Le chapitre suivant introduit Monsieur de Villefort, un substitut du procureur du roi. Lui, comme Dantès, est sur le point de se marier. La fête de son mariage est interrompue par la nouvelle de l’arrestation de Dantès. Villefort doit se rendre auprès de lui. Il quitte donc sa fête de fiançailles. Villefort est un fervent royaliste, dont le père est bonapartiste. Ainsi, Villefort doit affirmer son opinion politique en bataillant fermement contre les conspirateurs bonapartistes. Cependant, Dantès lui fait une bonne impression. Il a un air candide même avec son inquisiteur. Il révèle comment il a accosté sur l’île d’Elbe et qu’on lui a donné une lettre de Napoléon à livrer à Paris. Le fait qu’il était simplement en train d’accomplir les ordres du Capitaine Leclerc mourant suffisent à prouver l’innocence de Dantès. Villefort est prêt à le relâcher, pourtant quand Dantès lui révèle à qui la lettre était adressée, il change immédiatement d’avis. La lettre était destinée à Noirtier, qui est en fait le père bonapartiste de Villefort. Ainsi, ce dernier se doit de cacher le complot pour sauver son nom. Il brûle donc la lettre, et demande à Dantès d’en nier l’existence. Il le gardera prisonnier. A la fin du chapitre Villefort échafaude un plan pour que cette lettre qui aurait dû le perdre, fasse sa fortune.

Analyse :

Ce chapitre introduit le quatrième ennemi de Dantès. Villefort est juste préoccupé par sa propre image publique de royaliste. Il fera tout ce qu’il peut pour favoriser sa carrière. Il trompe la confiance de Dantès en lui demandant de nier l’existence de la lettre bonapartiste. Tout cela pour protéger son image publique et non pas au profit de Dantès. Les mensonges de Villefort sont un autre symbole des forces diaboliques en jeu contre Dantès. Ce dernier incarne le bien, ainsi, quand il prendra sa revanche plus tard sur ses ennemis, ce sera le symbole du triomphe du bien sur le mal.

Chapitre 6

Dantès est escorté en prison, où il attend d’être relâché. Monsieur de Villefort lui a assuré une libération en temps opportun. Les gardes arrivent, mais à la place ils le conduisent à l’infâme Château d’If, prison sur une île. C’est une prison pour les détenus politiques. Dantès passe sa première nuit debout. Il ne bouge pas. Quand le gardien vient le voir, Dantès lui demande à parler au gouverneur. Il demande aussi au gardien de faire passer quelques lignes à Mercédès. Quand celui-ci refuse il le menace avec un tabouret. Cela lui vaudra d’être jeté au cachot du donjon comme « fou ».

Analyse :

Dantès ne comprend pas pourquoi il n’est pas relâché, car Villefort lui avait promis une prompte sortie. Pour cette raison, il est jeté dans un sombre cachot dans un donjon. Le donjon sert de métaphore à son état mental ; son incapacité à comprendre les raisons de sa situation sinistre le mènent à sombrer dans la noirceur et la confusion. Le désir de Dantès de joindre Mercédès symbolise son refus d’accepter son retrait du monde extérieur. Il est maintenant un prisonnier anonyme. Les gardes assurent son isolement complet en le jetant dans le sombre donjon. Seulement quand Dantès rencontre l’abbé Faria, un autre prisonnier avec lequel il prendra contact, il s’apercevra de la trahison de Villefort et jurera revanche.

Chapitre 7

Le chapitre suivant implique le monarque en place, Louis XVIII. Monsieur de Villefort rend visite au Roi pour le mettre en garde d’un complot pour restaurer l’Empereur Napoléon. Il parle au Roi de son entrevue avec Dantès, qui avait accosté sur l’île d’Elbe pour rencontrer l’usurpateur (Napoléon). Il rassure le Roi que Dantès est maintenant en prison. Le Préfet de Police apporte la nouvelle de l’arrivée de Napoléon en France pendant que Villefort se trouve encore avec le Roi. Louis XVIII est étonné que Napoléon ait réussi à entrer dans le pays en restant incognito deux jours durant. L’ancien Empereur progresse vers Paris. Le Roi félicite Villefort de son avertissement, et lui remet la Croix de la Légion d’Honneur. Villefort est heureux d’avoir obtenu une telle faveur royale.

Analyse :

Ce chapitre illustre le génie de Dumas. Il mêle l’excitation d’un roman d’aventure au conflit historique. L’action se déroule avant que Napoléon ne revienne diriger le pays, après la chute des royalistes. Dès lors, le règne de Louis XVIII se trouve menacé. Un homme tel que Monsieur de Villefort profite de la situation pour sa carrière politique. Son intention de prévenir le Roi de la menace des bonapartistes à Marseille se concrétise. Alors qu’il a reconnu l’innocence de Dantès, il se sert de son cas pour accéder à ses buts royalistes. Dantès est ainsi la victime de l’égoïste, politiquement tranché, Villefort. Alors que Dantès pourri en prison, Villefort gagne les faveurs du Roi à ses dépens. La croix de la Légion d’Honneur est un symbole de la reconnaissance du Roi pour les services de Villefort, en revanche, ce précieux trophée perdra sa valeur sous le gouvernement de Napoléon. La qualité éphémère de cette croix est une métaphore de l’inconsistance de la vie. Personne ne peut savoir quand le destin de quelqu’un changera. Dantès, par exemple, était sur le point d’avoir une vie prospère et heureuse, et pourtant, d’un jour à l’autre, il se retrouve à croupir en prison.

Chapitre 8

Dantès est oublié en prison durant tous les changements politiques de régime. Napoléon retourne au pouvoir seulement momentanément. Louis XVIII remonte sur le trône une fois de plus. M. Morrel plaide pour Dantès pendant la gouvernance de Napoléon, mais toujours en vain. Fernand rejoint l’armée de l’Empereur, et quitte Mercédès. Il continue d’espérer qu’un jour elle pourra être sienne. Quand Napoléon reprend le pouvoir, Danglars craint le retour de Dantès. Ainsi, redoutant sa vengeance, il abandonne son poste avec M. Morrel et s’enfuit à Madrid. Le père de Dantès meurt et M. Morrel règle toutes les dettes du vieil homme.

Analyse :

Ce chapitre résume la réaction des personnages face aux changements de régimes politiques. Cela contraste avec Dantès qui reste dans l’ignorance de tout cela. Il pourrit en prison, oublié par la bureaucratie qui l’y a envoyé. Son père meurt de pauvreté et de faim. Seulement le bon M. Morrel lui reste fidèle. Il continue à plaider la cause de Dantès et règle les dettes de son père. Mercédès se languit toujours de lui, tout en étant réconfortée par Fernand, qui est toujours dans l’espérance de son amour. Alors que son amour pour Dantès ne cessera jamais, elle succombera à la présence de cette figure constante dans sa vie, Fernand. Mercédès ainsi finit par l’épouser parce qu’elle craint la solitude, et qu’il est à présent suffisamment riche pour s’occuper d’elle. Villefort, d’un autre côté, utilise le mariage pour accéder à un certain rang social.

Ironiquement, c’est le diabolique Villefort qui a la patience d’attendre pour se marier. Ceci contraste avec Mercédès, qui elle n’attend pas si longtemps pour épouser Fernand. En fait, son désir de se marier si rapidement peut-être pris, d’une manière surprenante, pour un symbole de son amour pour Dantès, en ce qu’elle ne pouvait supporter d’être laissée toute seule. Sa passion devait être comblée par un autre, en la personne de Fernand. L’unique passion de Villefort, est quant à lui, son rang social, et il décale son mariage jusqu’à ce que le climat politique soit favorable pour une fille de royaliste.

Chapitre 9

Le récit suivant reprend à l’emprisonnement de Dantès. Il a perdu tout espoir et décide de se suicider en s’affamant. Pour cela, il jette sa nourriture par la fenêtre. Son projet de suicide est stoppé par le bruit d’un autre prisonnier en train de creuser. L’espoir renaissant et la perspective d’avoir un camarade le réaniment. Il parvient à déplacer une pierre pour parler au prisonnier. Celui-ci lui dit être emprisonné depuis 1811, quatre ans avant sa propre incarcération. Il lui fait prendre conscience ainsi que, puisqu’il avait 19 ans en 1815, il en a alors maintenant 26. Plus de temps s’est écoulé que ce qu’il avait imaginé.

Analyse:

Ce chapitre tourne autour du personnage de Dantès. Il ne comprend toujours pas pourquoi il a été jeté en prison. Son bonheur a été ruiné sans raison. Ainsi, il n’a plus le désir de vivre, car l’emprisonnement a brisé son ancienne exaltation. Sa tentative de suicide montre qu’il doute à présent du Bien.

L’irruption de l’autre prisonnier, en creusant à travers le mur, est un tournant crucial. Pour la première fois, un personnage est introduit, qui ne peut être contraint, pas même par des murs de pierres. Ce pouvoir de surmonter des obstacles sera transférée à Dantès, et changera pour toujours sa personnalité.

Chapitre 10

Ce chapitre témoigne de la rencontre et de l’amitié de Dantès avec un autre prisonnier, l’abbé Faria. Ce prisonnier à passé des années à creuser un tunnel vers sa liberté, mais un mauvais calcul l’a amené à la cellule de Dantès. L’abbé est effondré tout comme l’est son énergie pour se libérer. Il montre à Dantès les outils qu’il a fabriqués et son écrit, Un Traité sur la Possibilité d’une Monarchie Générale en Italie. Il est un homme éduqué, et ainsi partage ses connaissances sur les langues, les mathématiques, et les sciences avec Dantès durant les années suivantes. L’abbé aide aussi Dantès à découvrir qui est responsable de son emprisonnement, et très vite concocte un autre plan d’évasion. Ainsi, les deux commencent à creuser à nouveau un tunnel vers la liberté. Avant de pouvoir terminer, l’abbé est atteint d'une apoplexie qui paralyse son bras. Il lui confie qu’il s’attend à une mort proche, et l’encourage à s’évader sans lui (le tunnel est finit). Dantès refuse de l’abandonner.

Analyse :

L’amitié de Dantès avec l’abbé Faria est importante parce qu’il acquiert beaucoup de connaissances qui lui serviront plus tard à survivre dans la société française. Une fois évadé, cette connaissance créera une aura d’exotisme mystérieux autour de lui qui l’aidera à accomplir sa vengeance. Vengeance était aussi caractéristique de ce que l’abbé avait instillé, puisque Dantès a été incapable de déduire tout seul qui était responsable de son emprisonnement. Ce chapitre éclaire aussi « la dévotion désintéréssée” de Dantès pour l’abbé. Il ne le quittera pas même si maintenant un moyen d’évasion est opérationnel. L’abbé est une figure paternelle. Dantès a été forcé d’abandonner son vrai père, ainsi il n'abandonnera pas volontairement son père adoptif.

Encore plus important est le fait que l’objectif de Dumas est de faire de l’abbé Faria un homme de religion. Ceci peut être vu comme une intervention divine, une sorte de “deus ex machina ». Alors que Dantès est sur le point de se suicider, un acte qui l’aurait damné (est le véritable premier péché qu’il a vraiment considéré jusqu’ici), un homme arrive et lui redonne espoir. A travers l’abbé, Dantès retrouve son désir de vivre, découvre qui sont ses ennemis, apprend les arts et les sciences, et finalement envisage son évasion de prison. Le chapitre entier est une preuve que le Dieu des chrétiens interviendra pour soutenir l’homme moral.