Le Journal d'Anne Frank

Le Journal d'Anne Frank Guide d'Etude

Le Journal d'Anne Frank a été écrit entre 1942 et 1944, en pleine seconde guerre mondiale. Pour mieux comprendre le contexte dans lequel Anne Frank a écrit son journal, il faut remonter à la fin de la première guerre mondiale et au traité de Versailles.

Au début du XXème siècle, l'empire allemand était l'un des plus puissants d'Europe. La défaite de l’Allemagne en 1918 marque l’effondrement de l’empire. L'empereur Guillaume II abdique et la République est proclamée. Les négociations pour la paix sont menées par les puissances alliées victorieuses – notamment l'Angleterre, la France et les États-Unis – qui soumettent un traité final à l’Allemagne. Ce traité fait porter à l'Allemagne l'entière responsabilité de la guerre, la dépouille d'une grande partie de son territoire et impose de lourdes réparations. Ce traité suscite un fort sentiment d’humiliation et un ressentiment contre la République, accentué par la forte inflation des années 1920.

Dans ce contexte, de nombreux partis politiques critiques de la République apparaissent, dont le parti national-socialiste, ou parti nazi. Le parti nazi critique le traité de Versailles et la République comme ayant causés la ruine de l’Allemagne. Son chef, Adolf Hitler, promet une meilleure redistribution des richesses et le plein emploi par le biais d'un État totalitaire.

Sous l'influence d'Hitler, le parti nazi s’éloigne du " socialisme " et devient ouvertement raciste. Hitler nomme celles et ceux qu’il considère comme responsables des problèmes du pays : les étrangers, les Slaves et les Juifs. Il les désigne comme constituant une " race étrangère ” qui aurait " infecté ” la société allemande et devient obsédé par l’idée d’une race aryenne “ supérieure ”, “ pure ”. Les " véritables ” Allemands constituent, selon lui, le peuple le plus fort, destiné à dominer et asservir les autres peuples.

Le parti nazi compte initialement peu de membres. Cependant, la grande dépression de 1929 renforce la popularité d’Hitler, qui semble proposer des solutions simples à la crise économique. En 1933, le Président de la République, Paul von Hindenburg, le nomme chancelier, c’est-à-dire chef du gouvernement. À ce poste, Hitler renforce progressivement son pouvoir, nommant uniquement des personnes qui lui sont favorables et muselant l’opposition sociale et politique, jusqu’à établir un État totalitaire. Les partis politiques autres que le parti nazi sont interdits et les institutions civiles – écoles, églises, organisations de jeunesse, presse – sont mises au service de l’État nazi. Hitler crée une police spéciale, la Gestapo, dont les méthodes d’une violence inouïe visent à faire respecter le nouvel ordre de l’État totalitaire nazi.

Hitler prépare également le réarmement de l’Allemagne, pourtant interdit par le traité de Versailles. Les anciennes puissances alliées restent passives, craignant de déclencher un nouveau conflit. En septembre 1939, Hitler commence la guerre qu'il prépare depuis longtemps. L'armée allemande écrase d'abord la Pologne, puis le Danemark et la Norvège. L'Angleterre et la France finissent par lui déclarer la guerre. Hitler continue de conquérir rapidement de nouveaux territoires à l’ouest au début de l’année 1940 : les Pays-Bas, la Belgique et la France. En juin 1941, Hitler a conquis la majeure partie de l'Europe et se tourne vers l'Union soviétique, rompant le pacte de non-agression qu'il avait signé avec Staline en 1939.

Dans les territoires conquis et occupés, le régime hitlérien met en place, avec la complicité des pouvoirs publics locaux, sa politique de persécution et d’extermination raciale. Exclus de nombreux emplois, les Juifs sont obligés de porter un signe distinctif, une étoile jaune cousue sur leurs vêtements, et sont peu à peu mis à l’écart de la vie en société. Les Juifs, les opposants politiques et les personnes LGBT+ sont envoyés dans des camps de travail forcé, dans lesquels la police allemande a droit de vie et de mort sur la population.

En 1942, Hitler met en œuvre la " solution finale ”, visant à assassiner la population juive dans les camps de concentration, devenus des camps dits d’extermination, situés principalement en Pologne et en Allemagne. À la fin de la seconde guerre mondiale, plus de six millions de Juifs ont été assassinés par le régime nazi. L’existence même des camps de concentration sera longtemps minimisée, voire cachée, y compris par les puissances alliées.

C’est dans ce contexte qu’Anne Frank écrit son journal, dépeignant la vie quotidienne de sa famille juive dans les Pays-Bas occupés. Tout en décrivant les atrocités du régime nazi, le Journal d'Anne Frank reflète également les préoccupations plus classiques d’une adolescente qui réfléchit à sa propre identité. Il existe plusieurs éditions de l’œuvre, toutes représentant le témoignage incisif et bouleversant d’Anne. Les prénoms et noms utilisés dans ce guide sont ceux de l'édition traduite par Mirjam Pressler, compilant les textes originaux et ceux modifiés par Anne elle-même.