Biographie de Vladimir Nabokov

Vladimir Nabokov est né le 23 avril 1899 à Saint-Pétersbourg, au 47 rue Bolchaïa Morskaïa, dans un milieu aristocratique libéral et anglophile. Fils aîné d'une famille de cinq enfants, il bénéficie, avec ses frères et sœurs, d'une éducation trilingue qui sera déterminante pour son œuvre d'écrivain russe puis américain. Jusqu'en 1914, il voyage beaucoup dans le sud de l'Europe avec ses parents, il découvre les papillons et les échecs et commence à explorer la littérature, mettant à profit la très riche bibliothèque de son père. Entre 1911 et 1917, il suit sans grand enthousiasme les cours de l'Institut Ténichev ; au cours d'une idylle passionnée, il écrit une série de poèmes qu'il fera paraître à titre privé en 1916.

Le père de l'auteur, Vladimir Dmitriévitch Nabokov, fils d'un ancien ministre de la Justice, était un juriste éminent. Membre du Parti constitutionnel démocrate, il s'était toujours opposé de manière virulente au despotisme du tsar et s'était fait élire à la première et éphémère Douma de 1906. Ses prises de position lui avaient valu trois mois de prison en 1908. Après la révolution de Mars 1917, il participa au gouvernement Kérenski mais dut quitter Saint-Pétersbourg à la suite de la révolution d'Octobre et se réfugier avec toute sa famille en Crimée puis à Londres où les Nabokov arrivèrent en avril 1919.

Grâce à une bourse, Vladimir fit des études de littérature russe et française à Cambridge (Trinity College) entre 1919 et 1923, se distinguant surtout par ses talents de gardien de but dans l'équipe universitaire. Le père, qui était reparti pour Berlin avec le reste de la famille, dirigea avec Hessen le journal émigré Roul jusqu'au moment où, en mars 1922, il fut assassiné par des fascistes russes en voulant protéger Milioukov. C'est dans Roul, ainsi que dans d'autres journaux russes émigrés de Berlin et de Paris que Nabokov fit paraître ses poèmes, ses articles critiques, ses traductions du français et de l'anglais, ainsi que des extraits de ses premiers romans, Machenka et Roi, dame, valet qui sortirent en librairie en 1926 et 1928 respectivement.

À la fin de ses études, Nabokov vint s'installer à Berlin où il gagna sa vie surtout en donnant des cours privés et en faisant des petits boulots. Il épousa Véra Evséievna Slonim le 15 avril 1925 qui sera sa secrétaire et son égérie ; leur unique fils, Dmitri, naîtra en 1934. Nabokov, qui écrivait alors sous le nom de Sirine pour ne pas être confondu avec son père, lequel publiait des livres de droit, devint un des écrivains émigrés les plus en vue grâce notamment à des romans comme La défense Loujine (1930), Chambre obscure (1932), La méprise (1936) et surtout Le don (1937). Préférant mettre sa femme et son fils à l'abri de l’État nazi, il quitta l'Allemagne pour la France en 1937 sachant qu'il allait devoir se mettre à écrire dans une autre langue ; il avait déjà composé des textes en français, mais, comme il souhaitait s'installer en Angleterre ou aux États-Unis, il adopta l'anglais, langue dans laquelle il avait déjà traduit ou plutôt récrit deux de ses romans russes, La méprise et Rire dans la nuit. Son premier roman « anglais », La vraie vie de Sébastian Knight, écrit à Paris en 1938, paraîtra aux États-Unis en 1941, un an après son arrivée dans ce pays où il était venu se réfugier au moment de l'invasion de la France par les troupes allemandes.

Grâce à ses mentors américains Edmund Wilson et Harry Levin, Nabokov obtint des contrats d'édition et aussi d'enseignement à Wellesley College ou Stanford University, tout en travaillant à temps partiel, et pour un salaire dérisoire, au Museum of Comparative Zoology de Harvard où il remit de l'ordre dans les collections de lépidoptères, passant chaque année une partie de ses vacances à chasser les papillons dans le Grand Ouest. Il finira par être nommé professeur à temps plein à Cornell University en 1948, où il restera jusqu'en 1959, donnant notamment des conférences sur « les grands maîtres européens du roman ». Pendant ses années américaines, il écrivit en anglais non seulement son autobiographie, Autres rivages (1951), mais aussi trois romans, Brisure à senestre (1948), Lolita (Paris, 1955) et Pnine (1957). C'est seulement après le prodigieux succès de l'édition américaine de Lolita en 1958 qu'il pourra commencer à vivre de sa plume ; il démissionna de Cornell University en 1959 et partit pour l'Europe.

Installé en Suisse en 1961, dans le dans le Montreux Palace Hotel, il continua à écrire, publiant encore quatre romans, dont notamment Feu pâle (1962) et Ada (1969), sa savante traduction annotée d'Eugène Onéguine de Pouchkine (1964), une nouvelle édition de son autobiographie, sa propre traduction russe de Lolita (1967), des recueils de nouvelles, de poèmes, de problèmes d'échecs et d'interviews, sans compter les traductions anglaises de ses romans et nouvelles russes établies pour la plupart en collaboration avec son fils Dmitri. C'est au sommet de sa gloire qu'il mourut le 2 juillet 1977 à Montreux, laissant un roman inachevé, The Original of Laura. Depuis sa mort, plusieurs textes inédits ont été publiés, notamment son petit roman L'enchanteur (1986) écrit en 1939 et qui préfigure un peu Lolita, ses conférences sur la littérature, et une sélection de ses lettres ; en Russie, où une édition savante de ses œuvres russes vient de paraître, il est enfin reconnu comme un des grands écrivains du XXe siècle.


Guides d'Etude sur les Œuvres de Vladimir Nabokov