L'Étranger

L'Étranger Résumé et Analyse

Résumé du chapitre 1

La deuxième partie passe à l'arrestation de Meursault. Il est rapidement interrogé pour déterminer son identité. Il est nommé avocat alors que son cas est si simple qu'il ne pense pas en avoir besoin. Il est emmené dans une salle d'interrogatoire qui lui rappelle les interrogatoires des livres qu'il a lus. Cela se passe plutôt bien et il serre presque la main des magistrats en partant. Son avocat le rencontre dans sa cellule et l'interroge également pour qu'il puisse l'aider. Il est troublé par les réponses que Meursault donne aux questions sur ses sentiments lors des funérailles de maman. Meursault refuse de dire qu'il avait refoulé des sentiments naturels de tristesse car ce n'est pas vrai. Bien que ces détails n'aient pas grand-chose à voir avec la présente affaire, l'avocat explique que celle-ci sera évoquée devant le tribunal. Il part en colère et Meursault aimerait pouvoir lui dire qu'il est comme tout le monde mais qu'il est trop paresseux pour l'arrêter.

Il est ensuite reconduit devant le magistrat qui semble cordial, lui demandant dans un premier temps de revenir sur les détails du meurtre. Il est gêné par le fait que Meursault ait hésité entre le premier tir et les quatre suivants. Meursault ne sait quelle raison donner et ne pense pas que cela compte vraiment. Le magistrat explose. Il attrape un crucifix et le met au visage de Meursault, lui demandant s'il croit en Dieu. Il est furieux d'apprendre que Meursault ne le fait pas. Finalement, espérant qu'il s'arrêtera, Meursault est d'accord avec lui et le magistrat l'encourage à dire qu'il fera confiance à Dieu, ce avec quoi Meursault n'est pas d'accord. Le magistrat commente que Meursault est l'âme la plus endurcie de tous les criminels qu'il a rencontrés. Meursault a du mal à se rendre compte désormais qu'il est un criminel. Les rencontres avec le magistrat se déroulent plus facilement après la première rencontre. Meursault est toujours accompagné de son avocat et est la plupart du temps exclu de la conversation. Il apprécie les parties auxquelles il participe et commente que l'ensemble du processus lui a semblé très naturel et qu'il se sent comme "un membre de la famille". Il trouve étrange de se souvenir d'un moment plus heureux que les moments cordiaux avec le magistrat.

Analyse chapitre 1

La manière simple, presque énumérative, avec laquelle Meursault énumère les événements qui ont suivi la fusillade a un ton factuel. Il n’injecte ni émotion ni remords dans aucun de ses commentaires. Encore une fois, il est complètement objectif et distancié. Comme il le dit dans le chapitre précédent, il aurait facilement pu rester dans la maison ou finir par tirer sur quelqu'un. Pourtant, le dernier chapitre est séparé de ce chapitre par l'idée des livres un et deux. Quelle division existe-t-il qui sépare les deux modes de vie de Meursault ? Dans le premier livre, nous notons que Meursault est honnête envers lui-même, indifférent et sans jugement. Dans le deuxième livre, ces caractéristiques ne dépendent pas de lui ou de sa nature. Il est l'objet et c'est au tour de la société de décider comment elle agira en réponse à lui. Ici, c'est Meursault qui sera jugé et ses actes et choix remis en question. Il ne peut plus continuer à vivre une vie sans examen. Ironiquement, l'examen de son cas va devenir celui de sa vie et l'accuser sur ce qu'il pense plus que sur ce qu'il a fait.

L'interrogatoire commence dès le premier chapitre de la deuxième partie alors que le lecteur passe directement à l'arrestation. Nous ne voyons rien de ce qui arrive aux autres dans la maison de plage ni comment ils le découvrent ou réagissent. Nous ne connaissons Meursault que parce qu'il nous parle et, selon son caractère, il pense de manière égocentrique. Après avoir été éloigné des autres, ses pensées sont également éloignées. Ils ne l’affectent pas et ne font aucune différence, c’est pourquoi il n’en pense pas grand-chose. Meursault admire à quel point le tribunal prend soin des détails et insiste sur des aspects comme celui-ci concernant son interrogatoire plutôt que sur tout ce qui est désagréable. Il comprend que son cas est simple mais aime que le tribunal lui donne un avocat. Meursault trouve toute la situation surréaliste car il ne se considère pas comme un criminel. N'oubliez pas qu'il doit se rappeler sans cesse qu'il a tué quelqu'un et que sa place est en prison. La scène d'interrogatoire dans laquelle il entre vient tout droit d'un vieux roman policier, mais il n'est pas trop affecté par sa gravité. Son désir de serrer la main du garde en partant semble étrange au lecteur, mais pour Meursault, ce sont de simples interactions humaines et quand quelqu'un est gentil, il l'apprécie. Il vit toujours d'instant en instant et ne se préoccupe ni du passé ni du futur.

L'avocat est surtout troublé par l'incapacité de Meursault à mentir sur ce qu'il a ressenti lors des funérailles de sa mère. Il est un représentant de l'institution française puisqu'il est mis à disposition par l'État et le personnage de Meursault lui est complètement étranger. Le procès est une affaire pour lui et il souhaite que Meursault apprenne comment réussir au mieux devant le tribunal et craint que son attitude indifférente ne nuise à ses chances de gagner le procès. Meursault essaie d'être très direct avec lui et lui dit même sans détour : " ma nature était telle que mes besoins physiques gênaient souvent mes sentiments ". Ici, Camus nous raconte ce que nous avons deviné. Meursault reconnaît cette différence avec la société mais cela n'a aucun sens d'essayer de changer cela. L'avocat n'est cependant pas aussi bouleversé par ce commentaire que par celui où Meursault affirme qu'il ne peut pas dire qu'il a réprimé ses sentiments naturels lors de l'enterrement de maman car ce ne serait pas vrai. Meursault, avant tout, est fidèle à lui-même. A cela, l'avocat le regarde avec dégoût. Il est déjà jugé comme un être humain inférieur parce qu'il refuse de se prêter au jeu impliqué par l'avocat. Meursault joue selon ses propres règles. Comme dans l’existentialisme, c’est un individu luttant contre les autres dans un monde fini. C'est une lutte pour sa propre identité et son sens. Il aimerait que l'avocat comprenne, mais il est trop paresseux pour essayer de le lui faire comprendre. L'apathie l'emporte sur l'état d'autrui ou sur son propre bien-être.

Sans surprise, l'avocat ne pourra pas se présenter à son prochain rendez-vous avec le magistrat. Le moment où le magistrat ne comprend pas, c'est lorsque Meursault explique qu'il a hésité après le premier coup de feu avant de tirer les quatre derniers. Dire qu'il avait aimé maman comme tout le monde (comme il aime vraiment tout le monde de la même manière) a moins d'impact que son incapacité à répondre pourquoi il aurait attendu comme ça. Les stimuli physiques du moment sur la plage reviennent à ses sens, il peut ressentir le moment, mais il ne peut pas exprimer sa motivation car il n'y en avait pas. Il aurait pu tirer ou ne pas tirer, et il a tiré. Le crucifix qui en ressort représente le pivot de la philosophie de Camus selon laquelle Dieu n'existe pas. Il n'est pas nihiliste mais il croit que rien de divin ou d'absolu n'existe et que beaucoup de gens utilisent la foi en un être supérieur comme une béquille pour éviter de vivre et d'assumer la responsabilité de cette vie. La vie est absurde, non contrôlée, surveillée ou récompensée, et Camus pense que pour vivre pleinement, il faut faire face à l'absurdité de la mort menant au néant au lieu de concentrer toutes ses énergies sur un concept abstrait et improbable. Pourquoi se préparer et attendre quand on pourrait vivre ?

Le magistrat est très frustré car il ne comprend pas cette vision du monde. Meursault ne regrette même pas ce qu'il a fait. C'était un inconvénient pour lui d'être retiré de sa vie agréable et jeté dans la cellule sale et monotone. Les moments passés avec le magistrat représentent les seules ruptures avec le monde sombre et humide de la cellule et il trouve du plaisir dans la simple cordialité de leurs rares interactions. Chaque action et rencontre dont se réjouit Meursault est en effet un euphémisme sur la manière dont la plupart des gens vivent leur vie, négligeant ces moments en cherchant leur sens ou leur accumulation. Le bonheur de Meursault et sa capacité à le saisir sont un euphémisme du message plus vaste de Camus.

Résumé du chapitre 2

Meursault se rend compte que son séjour en prison sera le genre de temps dont il n'a jamais aimé parler. Il est d'abord mis en prison avec un groupe de personnes, majoritairement arabes. Ils se taisent lorsqu'ils apprennent qu'il est là pour avoir tué un Arabe. Quelques jours plus tard, il est transféré dans sa propre cellule avec une planche de bois pour dormir et une fenêtre à barreaux donnant sur la mer au loin. Marie vient bientôt lui rendre visite et est magnifique. Il est difficile de lui parler à cause du bruit provenant des autres personnes présentes dans la pièce. Il s'agit principalement d'Arabes, certains criant et d'autres marmonnant doucement en dessous du reste. Ses yeux s'adaptent à la lumière plus vive du parloir et il a une conversation forcée avec. Elle essaie de lui faire garder espoir, ce qui, selon lui, doit signifier qu'il devrait espérer pouvoir la toucher à nouveau. Elle parle de choses du quotidien auxquelles il répond lorsque cela est nécessaire. Il est submergé par le son et la lumière et souhaite partir mais veut profiter de la présence de Marie aussi. Meursault est très attentif aux autres détenus et à leurs visiteurs. Finalement, on lui dit de partir et elle lui dit qu'il sera acquitté et qu'ils iront nager et se marieront. Il répond avec incertitude. Après cela, il reçoit une lettre d'elle lui expliquant qu'elle ne peut plus lui rendre visite car elle n'est pas sa femme.

Meursault explique que la vie en prison aurait pu être bien pire pour lui. Les premiers mois ont été mauvais car il pensait encore comme un homme libre. Mais ensuite, il a commencé à penser comme un prisonnier et il attendait avec impatience ses promenades ou ses visites chez un avocat au lieu de nager et de fumer. Au début, il désirait avant tout une femme, mais il met les choses en perspective lorsqu'il parle au chef des gardes qui mentionne à quel point la disparition des femmes, des cigarettes, etc. était le but de la prison. Cela enlève la liberté. Meursault comprend qu'il a raison et se remet vite de ses premières envies. Il mentionne que Maman avait comparé la capacité de l'homme à s'habituer à tout à vivre dans un arbre creux où l'on s'habituerait à attendre le vol d'un oiseau. Meursault est assez heureux en prison.

Le principal problème pour lui est de tuer le temps. Il apprend à se concentrer sur la mémorisation de chaque élément et détail de sa chambre à la maison et allonge à chaque fois le catalogue pour que cela devienne une habitude. Il est bientôt capable d'apprendre également à dormir en prison et progresse jusqu'à dormir les deux tiers de la journée. Il a alors moins de temps à tuer. Une partie de ce temps, il tue en relisant l'article policier du journal tchèque qu'il trouve. L'article contient une histoire tragique et convainc Meursault que ce n'est jamais une bonne idée de jouer à des jeux. Avec ce mode de vie, Meursault perd vite la notion du temps comme il l'avait entendu dire en prison. Des descriptions longues et courtes commencent à décrire chaque jour et quand on lui dit qu'il est en prison depuis cinq mois, il croit mais ne comprend pas. Il regarde son reflet mais peu importe la façon dont il essaie de sourire, le reflet semble toujours sévère. Il se rend compte aussi qu'il s'est parlé tout seul et est d'accord avec l'infirmière des funérailles de maman qu'il n'y a pas d'issue.

Analyse chapitre 2

Le chapitre deux est important pour le lecteur car il renseigne sur les détails de la prison qui sont omis du chapitre un. Nous avions eu connaissance des interrogatoires du magistrat et de la rencontre avec l'avocat mais ce qui s'est passé au quotidien, au niveau des fonctions de base de Meursault pendant les onze mois où il est détenu, est évité. Le chapitre commence avec Meursault admettant qu'il y a toujours eu des choses dont il n'aime pas parler. Nous ne sommes pas surpris puisqu'il a toujours mentionné qu'il ne parle que lorsqu'il a quelque chose à dire. Le lecteur se rend compte que la période dont il est mal à l'aise de parler en prison est celle où il a du mal à se convaincre qu'il est en prison. Il estime toujours qu'il devrait être libre et la prison est donc une punition, il est éloigné de sa place. Il n’aime pas en parler.

Il note qu'après avoir reçu la lettre de Marie lui indiquant qu'elle ne peut plus lui rendre visite, il peut accepter le fait que la prison est sa maison mais ce n'est que plus tard qu'il surmonte sa réticence à en parler. La combinaison du fait que la prison est sa maison et que ses pensées sont celles d'un prisonnier provoquera l'ajustement. Meursault se réfère à de nombreuses anecdotes de maman tout au long de son séjour en prison et il semble qu'il ait acquis la capacité de s'adapter aux leçons que sa mère lui a enseignées. Ils sont probablement plus proches maintenant qu’ils ne l’étaient au cours de sa vie. Il souhaitera que son seul morceau de ciel puisse s’accrocher et s’approprier le sien. Pour un homme qui vit dans le présent, il doit simplement se convaincre que la prison est son présent et qu’il peut passer à autre chose.

La rencontre qu'il a avec Mary avant de recevoir cette dernière lettre est chaotique et étouffante. La pièce est remplie d'Arabes caractérisés comme étant bruyants et gourmands en espace. Ils sont partout, des deux côtés de Meursault, chuchotant en dessous de lui, criant au-dessus de lui. Il est presque noyé par leur bruit et leur présence. L'effet néfaste du soleil est à nouveau mis en évidence lorsqu'il entre dans la pièce et qu'il en est aveuglé. Il fait tellement plus lumineux que sa cellule et il se sent mal à l'aise puis nauséeux. Les présences humaines et physiques dans la pièce le submergent alors qu'il a été retiré de ce monde puis soudainement réintroduit dans celui-ci. La beauté de Mary plus que toute autre chose le frappe et la sensation physique de son corps contre le sien lui manque. Ils parlent de choses insignifiantes, Meursault répondant souvent simplement et se contentant de l'observer. Avec la distance de la pièce incroyablement bondée, il ne peut pas se connecter avec elle comme il l'avait fait autrefois dans la mer et aspire à cette unité. Les sujets insignifiants dont elle discute ne l'intéressent pas et il partirait sauf si sa présence physique lui manquait, qui l'attire toujours. Leur incapacité à communiquer sans connexion physique est présentée comme les tensions des autres conversations intéressent plus Meursault que ce que dit Marie. Meursault est obligé de crier à Marie pour se faire entendre mais n'y parvient souvent pas à cause du bruit ambiant. Son lien avec Marie a été en grande partie rompu même si elle reste souriante après lui et il aspire à son visage et à sa présence longtemps après.

La lettre est la première rupture avec la précédente. Pourtant, ses pensées d’homme libre le lient toujours à ce monde et ne rendent pas la rupture complète. On se souvient de la joie que Meursault avait trouvée dans l'océan, dans la sensation que lui procurait la natation. Les pulsions sont toujours présentes en lui, ce qui rend leur déni encore plus difficile. Cet exemple vaut également pour le sexe et la cigarette. Meursault est en retrait du monde libre mais il insiste constamment sur le fait qu'il ne l'a pas eu aussi mal que certains, que normalement il n'a pas poussé les choses aussi loin, et que l'anecdote de sa mère sur l'arbre creux ne s'appliquait même pas car sa vie en prison était plus complet que cette analogie. Les raisons pour lesquelles il est capable de surmonter ses envies de mer quand il peut voir les vagues depuis sa fenêtre, le sexe et les cigarettes, c'est le temps et la mémoire. Meursault applique une structure de vie standard dont il n'avait jamais dépendu auparavant. À ce stade de son existence, vivre d’instant en instant n’est pas capable de le satisfaire. Il se rend compte que peu importe à quel point les visages de femme qu'il construit dans son esprit sont alléchants, ils travaillent toujours à passer le temps et à tuer son ennui. Il apprend lentement à vivre sans aucune stimulation physique autre que celle qu'il est capable de créer dans son esprit.

Avec ces acceptations, il utilise sa mémoire pour tuer le temps et le manque de liberté est atténué. Il admet qu'il n'est pas si malheureux. Son analyse mentale quotidienne de sa chambre est un exemple classique de sa capacité à trouver de la valeur dans la vie, les biens et la mémoire là où il n'avait jamais pris la peine de regarder. Il avait vécu uniquement pour une rencontre après l'autre, sans jamais examiner ni regarder en arrière pour apprécier. En examinant lentement chaque détail de sa chambre, en acquérant à chaque fois des connaissances, il retrouve une grande partie de la qualité de vie qu'il avait laissé lui échapper. Réaliser qu'un homme ayant vécu un jour dans le monde extérieur aurait suffisamment de mémoire pour vivre en prison est pour Meursault une découverte monumentale, une étape mentale. Il trouve de la valeur et crée du sens dans une vie où il n’avait vu aucune raison d’avoir un sens. La coupure de l'article de journal sur la tragédie tchécoslovaque est un autre exemple de sa capacité à voir la valeur de l'examen et le caractère précieux de la vie. Le temps lui-même perd son sens pour lui parce que la fonction instantanée de sa vie n'a plus sa place. Il vit dans sa capacité à tuer le temps en prison à travers la mémoire, l'histoire du crime, le sommeil et d'autres moyens. Le temps étant mort, il se tourne vers lui-même.

Pour la première fois dans le livre, on voit Meursault se regarder. Son introspection révèle qu’il n’arrive pas à faire sourire son visage. En voyant l'expression sérieuse de son visage et en entendant enfin sa propre voix résonner, il connecte son corps à son esprit dans la première véritable union de sa vie.

Résumé du chapitre trois

Meursault note que le temps qui s'est écoulé entre l'été dernier et celui-ci s'est écoulé rapidement. Le temps qui devient chaud signifie que quelque chose va lui arriver. Son procès est prévu fin juin et ne devrait durer que quelques jours. Il arrive au palais de justice pour commencer son procès et est surpris par l'agitation et encore plus surpris d'apprendre qu'ils sont tous là pour le voir. La presse a bâti son histoire. Le soleil pénètre dans la pièce et est étouffant. Meursault aperçoit le jury qui le juge comme les passagers d'un tramway. Une fois le tribunal en séance, la presse le regarde également froidement. Les événements qui se déroulent sont déroutants pour Meursault car il ne comprend pas le processus. Lorsque les juges lisent les noms des témoins, il se rend compte que de nombreuses personnes qu'il connaît sont présentes dans la pièce, du directeur du foyer de maman à Marie et Raymond. La femme robotique qui était assise avec lui chez Céleste est également présente et le regarde tout au long.

La chaleur monte et l’examen commence. Le juge relit le témoignage de Meursault et Meursault accepte chaque article. Il demande alors pourquoi Meursault a mis maman dans un foyer et il explique qu'il n'avait pas assez d'argent pour s'occuper d'elle, qu'ils n'avaient plus besoin l'un de l'autre et qu'ils s'étaient tous deux habitués à leur nouvelle vie. Le procureur demande s'il avait l'intention de retourner auprès de l'Arabe et de le tuer.

Meursault répond non, c'est juste arrivé. La séance est ajournée jusqu'à l'après-midi où il fait plus chaud mais sinon pareil. Les témoins sont appelés, le directeur du foyer étant le premier. Il témoigne que Meursault a été très calme à l'enterrement : ne pleurant pas, ne voulant pas voir maman et partant juste après. Meursault a envie de pleurer pour la première fois depuis des années lorsqu'il perçoit la haine que tant de gens lui portent. Le gardien est le prochain témoin et témoigne à quel point le petit Meursault semblait bouleversé devant le cercueil de maman. Meursault confirme qu'il a bien offert une cigarette au gardien et le gardien admet qu'il a bien offert le café à Meursault. Thomas Pérez est le suivant et témoigne qu'il n'a pas pu voir ce qui s'est passé car il avait été trop accablé par le chagrin. Les avocats vont et viennent et prouvent qu'il n'a ni vu Meursault pleurer, ni ne pas pleurer.

La défense est appelée ensuite et Céleste témoigne en premier pour Meursault. Il déclare que le crime était simplement dû à la malchance. Il aimerait pouvoir faire plus pour Meursault, qui pense que c'est la première fois qu'il a envie d'embrasser un homme. Le témoignage de Marie se concentre surtout sur le jour où elle a rencontré Meursault, le procureur précisant que c'était le lendemain des funérailles de maman et que Meursault s'était baigné, avait commencé une liaison peu honorable et était allé voir une comédie au cinéma. Marie est bouleversée par les paroles utilisées contre elle et est sortie en pleurant. Masson déclare que Meursault était un homme honnête et honnête. Salamano supplie tout le monde de comprendre que Meursault était tout simplement à court de choses à dire à maman mais personne ne semble comprendre. Raymond tente de convaincre le jury que Meursault était simplement sur la plage par hasard mais le procureur note que c'est trop fortuit qu'il ait écrit la lettre à la petite amie de Raymond, qu'il n'ait pas cessé de la battre, qu'il ait été témoin à sa convocation, et ainsi sur tout par hasard. Meursault est qualifié de complice et Raymond est qualifié de « procureur » de femmes par le procureur. Meursault est d'accord avec le procureur sur le fait qu'ils étaient amis. L'avocat de Meursault tente de détourner l'attention de Maman, mais le procureur revient en arrière en disant que Meursault portait déjà un crime dans son cœur. Les choses ne s’annoncent pas bien et le procès est ajourné. A la sortie du palais de justice, Meursault est frappé par l'odeur de la nuit d'été et les souvenirs heureux qu'elle lui rappelle. Il semblait que les chemins qu’il avait suivis autrefois auraient pu mener aussi facilement à cet endroit qu’à la prison où il était retourné.

Analyse du chapitre 3

Avec ses méthodes anti-temps en main, l'année passe vite pour Meursault. L'affaire est posée tout en donnant à Meursault une sorte de point final pour contenir le temps de manière plus réaliste. Le procès s’ouvre avec le soleil qui brille dehors et le lecteur aura probablement appris à ce stade qu’il laisse présager un événement négatif. Immédiatement après l'évocation du soleil, l'avocat affirme que le procès ira vite puisqu'il ne s'agit pas de l'affaire la plus importante. Ses paroles sont également entachées de doute et ce sentiment crée l’environnement du procès. Quand Meursault arrive, cela ressemble à un cirque et, à toutes fins utiles, c'est le cas. La presse a construit l'histoire dans des proportions telles que les spectateurs s'y intéressent. De plus, comme nous l'apprendrons, le cas de Meursault est intéressant car il a nié les codes sociaux et les facultés humaines par lesquels la société se sent limitée. Ils se précipitent pour voir l'homme qui ne jouera pas le jeu. Il ne se rend même pas compte au premier abord que la foule est pour lui car pour lui, son comportement lui semble tout à fait normal. Meursault imagine l'image d'un tramway parce qu'il se rend inconsciemment compte qu'il est jugé par ces gens qui ne le connaissent même pas mais à qui son sort a été confié. L’atmosphère claustrophobe de la salle d’audience, symbole de l’atmosphère étroite et critique, donne le vertige à Meursault pour cause.

De la même manière que le titre de Camus est traduit dans The Outsider en Angleterre, on remarque à quel point Meursault est hors de la société dans cette ouverture de procès. Il ne reconnaît le visage de personne et ne ressent aucune approbation à son égard. Il est, comme il le dit, "une sorte d'intrus", comme s'il était mis à l'écart. Il est étranger à la société et au tribunal. En tant que criminel, il est moins jugé que lui en tant que personne et l'aliénation qu'il ressent souligne ce point. L'homme existentiel doit lutter seul pour atteindre le sens. L’absurde ne peut être vaincu que si l’on est obligé de regarder leur lutte insignifiante dans la vie pour donner un sens. Il faut qu'il s'aliène pour atteindre les profondeurs que nous lui demanderons plus tard. Meursault remarque que les journalistes arborent tous les mêmes visages indifférents. On n’aurait pas pensé que l’indifférence lui paraissait suffisamment remarquable pour qu’on puisse la commenter auparavant, mais dans ce cas, elle témoigne de son aliénation. Le jeune journaliste qui l'observe de près l'agace d'autant plus qu'il est sous examen.

Le juge déclare " |qu'] il était là pour conduire de manière impartiale les débats d'une affaire qu'il examinerait objectivement ". Cette déclaration rappelle étrangement la façon dont Meursault traite le monde, ne laissant rien de tout cela avoir de la valeur ou le toucher de trop près. Ce parallèle place Meursault au centre – un paradoxe car il est aussi un outsider. L'interrogatoire commence juste après que Meursault ait signalé que la journée était devenue encore plus chaude, autre signe inquiétant. Au lieu de se sentir menacé, Meursault constate que les débats démarrent très naturellement sauf qu'il ne peut s'empêcher de penser au sentiment d'être observé, notamment par le jeune reporter et robot. Chaque instant et chaque rencontre se déroule comme toujours dans la vie de Meursault, jusqu'à ce que le temps ralentisse lorsque le sujet de Maman est abordé. Presque jamais touché, ce questionnement l'irrite fortement. Pourtant, il répond honnêtement, comme toujours, sans omettre des détails qui pourraient déranger ou déranger le jury, comme le fait que lui et maman n'attendaient plus rien l'un de l'autre, donc ce n'était pas dur pour lui quand elle a emménagé dans la maison.Le lendemain, Meursault, s'empresse de le constater, est encore plus chaud et étouffant que le premier. Le lecteur a le sentiment qu'il se dirige vers un verdict inévitable, inquiétant et étouffant pour le pauvre Meursault. Et pourtant, devrions-nous avoir pitié de lui ? Il est vrai qu'il n'a manifesté aucun remords. Il ne s'en est jamais soucié de la mort de sa mère et il a tué un homme. Pourquoi s’inquiéter du fait que la ligne de questions soit quelque peu hors de propos ? Les témoins retenus contre Meursault proviennent uniquement du domicile de sa mère et se basent sur le jour où ils ont rencontré Meursault, lors des funérailles de sa mère. Ne semble-t-il pas ironique que l’accusation ne dispose pas d’un seul témoin ayant un rapport avec le crime lui-même ? Notez que personne dans la salle d’audience ne remarque ou ne s’oppose à ce fait. En vérité, il est donc bien évident que Meursault n'est pas jugé pour son crime. Des sources notent qu'à cette période de l'histoire, un Français s'en tirerait assez facilement pour avoir tué un Arabe. Mais dans cette affaire, l’avocat, avec le soutien du public, se lance dans la mise à mort. Le crime est le manque de moralité de Meursault et son refus de participer à un code moral, reflétant la citation que Camus donne à propos de son héros. L'homme qui connaît l'absurde ne cède pas au jeu ou au programme mais reconnaît que ses actions sur Terre ne représentent pas grand-chose et n'ont pas d'importance pour quoi que ce soit ou pour qui que ce soit. Cette singularité n'est pas encore développée chez Meursault parce qu'il n'a pas encore accepté d'affronter l'Absurde, mais les idéaux fondamentaux de Camus de non-croyance à l'espérance et au divin sont mis à l'épreuve pour que l'auteur puisse leur donner un sens à travers la résolution qui est à venir. Il est absurde de juger le manque de sens pour lui donner du sens sous la forme d'un livre qui n'a de sens que si on lui donne son propre sens comme le fait Camus.Le ton ridicule pris dans ce procès atteint son paroxysme lors des témoignages de la gardienne de la maison et de Pérez en raison des détails insensés de leur témoignage repris par les avocats. Le procureur demande au gardien de témoigner que Meursault a mangé, bu et dormi près du cercueil de sa mère mais n'a pas voulu la regarder. Il le fait et l'avocat de Meursault souligne que le gardien fumait avec lui. Il se défend et Meursault avoue tout haut qu'il lui a bien proposé la cigarette. Le gardien est surpris lorsque Meursault dit une déclaration qui est vraie mais qui n'aide pas son propre cas. Au lieu de cela, il soutient le gardien. Cette honnêteté dans une salle d'audience où se joue le match choque et culpabilise le gardien en reconnaissant avoir offert le café à Meursault. La réponse des gardiens nous donne un aperçu de la normalité que le tribunal oublie en haranguant Meursault. Pérez, après avoir déclaré qu'il ne voyait pas comment Meursault réagissait, on lui demande s'il a vu Meursault pleurer. Cette question de l'accusation est en soi ridicule car elle contredirait la première déclaration de Pérez et rendrait donc nul tout son témoignage. Pourtant, le procureur utilise sa réponse selon laquelle il n'a pas vu Meursault pleurer comme preuve de son insensibilité. L'avocat de Meursault le contredit, mais toute la machinerie judiciaire et le sentiment derrière l'affaire sont ridicules et incontrôlables, visant à prouver que Meursault est un homme qui ne mérite pas d'être membre de la société.La défense ne fait pas grand-chose pour aider la cause de Meursault car ses témoins, comme lui-même, ne peuvent donner que peu de raisons pour justifier les actions de Meursault, à part des commentaires qui sont immédiatement rejetés comme l'idée de malchance de Céleste et Raymond disant que ce n'était que le hasard. Mais le hasard ou la malchance l'a-t-il poussé à tirer sur l'homme à cinq reprises ? Cette idée est également ridicule, de sorte qu’aucune des deux parties ne peut vraiment être prise au sérieux par le lecteur. Il n'est pas jugé pour son véritable crime mais pour sa moralité et sa défense ne peut offrir aucun témoignage rédempteur. Chacun de ses compagnons est aussi un mauvais personnage moral aux yeux de la salle. Le point majeur de l'affaire est que Meursault n'est pas jugé équitablement, comme le crie Salamano, "vous devez comprendre". Mais personne ne peut ni ne veut. La salle est impressionnée par les allégations du procureur selon lesquelles Meursault est jugé pour avoir enterré sa mère avec un crime dans le cœur. Normalement, cela serait loin d’être viable devant un tribunal, mais ici, cela a du sens pour la foule. En tant qu’homme sans foi ni espoir, vivant dans l’indifférence et sans jugement, la société ne pouvait accepter sa survie existentialiste. Sur le chemin du retour vers la prison, alors que lui rappelle l'air de l'été et les jours où il était heureux, Meursault se rend compte à nouveau que les chemins de la vie pouvaient aussi bien mener à une vie d'innocence ou de crime. Le destin n'existe pas. Où mène le chemin n’a pas d’importance. Au lieu de cela, il doit apprendre à valoriser ce que le voyage signifie pour lui.