La Promesse de l'aube

La Promesse de l'aube Questions de Dissertation

  1. 1

    La réussite professionnelle de Romain est-elle uniquement le fruit des talents visionnaires de la mère ?

    1) Rappel de la réussite de Romain en comparaison des prédictions de Mina.

    2) - Le rôle de l'éducation (scolaire, universitaire),

    - La diversité des disciplines enseignées qui font appel à d'autres capacités (l'art, les activités physiques, les arts de la guerre, les cours de bienséance).

    - L'interaction entre l'éducation scolaire et les autres disciplines dans la construction d'une personnalité complexe et équilibrée.

    - La volonté de bien faire de Romain et sa persévérance car il souhaite que sa mère soit fière de lui.

    3) L'atavisme : la part d'hérédité dans sa capacité à intégrer plusieurs situations, plusieurs métiers. Son optimisme permanent qui le font aller de l'avant. Ainsi lorsqu'il n'est pas promu officier, il est abattu psychologiquement mais passe vite à autre choses parce que sa trajectoire de vie doit continuer. L'atavisme aussi dans l'admiration qu'il a pour la France et sa volonté de maintenir le combat en rejoignant de Gaulle que sa mère adule.

    4) Le hasard . Une part de hasard subsiste. Notamment dans les évènements qui se déroulent lors de la guerre. Il devra les subir plutôt que les piloter. L'arrivée d'un courrier qui lui propose à la fin de la guerre de mener une activité diplomatique n'a pas été déclenchée par la mère.

    Conclusion : un doute subsiste. Mina a peut-être des talents cachés et un don de visionnaire en dehors de tous les efforts prodigués pour son fils.

  2. 2

    Quelle est l'influence de Dieu dans le roman de Romain Gary ?

    - Romain est-il croyant ? Comment réagit-il lorsqu'on lui propose de recevoir l'extrême onction ?

    - Quelle image a-t-il de Dieu ? La foi lui est révélee par Mina. Celle-ci est juive mais s'adresse également au dieu des chrétiens pour obtenir la protection de son fils pendant la guerre. En réalité, elle ne semble pas pratiquer la religion juive. Par contre, elle connaît les prières et fait le signe de La Croix pour bénir Romain.

    - Deux types de religions cohabitent : le monothéisme et le polythéisme.

    La première paraît plutôt bienveillante puisque Mina se rend à l'église pour implorer la protection de Dieu à l'égard de Romain.

    Mina s'approprie dieu. Elle est contente car il n'y a personne à l'église. Elle pourra donc pleinement profiter de ce face à face et espère que Dieu sera entièrement à son écoute. Il y a dans sa croyance un mélange de foi et de superstition.

    La seconde est malveillante. Représentée par trois êtres démoniaques : Totoche, le dieu de la bêtise, Merzavka, le dieu des vérités absolues, Filoche, le dieu de la petitesse.

    Chacun possède des attributs . Totoche utilise les progrès de la science pour faire du mal à l'humanité. Merzavka utilise les vérités absolues pour dominer la moitié de l'humanité. Filoche se nourrit avec les préjugés racistes pour provoquer le désordre et la désolation . On a le sentiment que Romain livre un combat permanent à leur égard. Lorsqu'il survit à la typhoïde, il déclare que les dieux lui ont imposé quantité de blessures mais qu'ils ont oublié de couper le cordon ombilical et ignorent qu'il fera tout pour rester vivant et retrouver sa mère.

    Romain leur livre un combat sourd en filigrane :

    il les retrouve hilares lorsqu'il n'est pas promu sous-lieutenant ...

    - Ces dieux existent-ils vraiment dans l'esprit de Romain ?

    Ne sont-ils pas la représentation de la bêtise, de l'arbitraire et des méchancetés humaines. Leur représentation divine malveillante permet d'excuser une certaine forme de la nature humaine. Son caractère mythologique édulcore l'horreur de certains actes et pensées humaines.

    - N'est-il pas prétentieux de la part de Romain de livrer ses combats contre les dieux ?

  3. 3

    Avec l'amour maternel, l'amour vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu'à la fin de ses jours.

    Comment interpréter cette phrase de Romain Gary ? Cet amour fusionnel a-t-il été sans souffrance ?

    Romain fait référence à l'amour passion éprouvée par Mina. Dès qu'elle a eu son fils elle s'est désintéressée du théâtre et des rôles qu'elle y occupait pour se recentrer Romain. Son fils est au centre de toutes ses préoccupations, celles du quotidien mais aussi celles de son avenir et de sa réussite.

    - l'amour de Mina, sa générosité, sa clairvoyance, ses sacrifices, sa ruse,

    - l'amour des autres femmes. Il est diversifié, multiforme car Romain a eu beaucoup de liaisons. Les attirances sont d'ordre physique. Mais l'amour et l'affection ne sont jamais à la hauteur de ce qu'il a reçu de sa mère . Romain n'est plus au centre de toutes les attentions, des désirs, des ambitions, des tendresses.

    - l'amour partagé par Romain, un amour fou. Il lève les yeux au ciel lorsqu'il se trouve à l'aéroport de Bordeaux pour cacher ses larmes aux autres soldats dès qu'il pense à sa mère malade;

    - l'amour des femmes s'apparente à un repas. Quoi de plus nécessaire pour survivre qu'un repas, quoi de plus chaleureux et de plus jouissif.

    - la présence d'un père ou d'un amant aurait laissé plus de liberté à Romain . Ainsi, il se serait réjoui si Mina avait accepter d'épouser son hôte orphelin.

    - Les moments de souffrance et de honte :

    Il accepte les brimades. Il s'exécute quand Mina lui demande de taper les personnes qui lui font tord comme les huissiers ou les marchands qui la malmènent .

    Il est confronté aux scènes de colère et de révolte de Mina face au voisins à Wilno. Il en ressent gêne et souffrance.

    Il est le témoin et l'acteur des audaces de sa mère lorsqu'elle aborde le roi de Suède pour qu'il finance les cours de tennis de Romain ou lorsqu'elle distribue des victuailles aux officiers supérieurs de Romain face aux soldats. Là-encore il ressent une certaine honte...

  4. 4

    Quel est le rôle de la mort dans l'oeuvre de Gary et en particulier dans la Promesse de l'aube ?

    - La disparition de sa mère : sans doute une grosse épreuve pour lui,

    - La guerre : elle agit comme une machine meurtrière. Les avions semblent en papier mâché. Ils s'écrasent à tour de rôle. Le premier choc est celui qui intervient alors qu'il s'apprête à prendre l'avion pour se rendre à Londres avec ses trois co-équipiers. Il est appelé à prendre la communication avec sa mère alors que l'avion entreprend des essais. Il voit ce dernier s'écraser au sol avec ses membres d'équipage.

    Puis à Londres, il énumère les accidents d'avions. Enfin, lorsqu'il arrive en Afrique, c'est une longue successions de crashs et de disparitions. Curieusement, il échappe à la mort à trois reprises malgré ses crashs. Enfin, ceux qui ne sont pas morts lors de ce conflit mourront un peu plus tard sur d'autres champs de bataille. Le vide est peuplé de disparus.

    A la guerre , il y a aussi ceux qui perdent la raison, éprouvés par la violence et les combats. C'est le cas de son ami Julien qui lui téléphone avant de se donner la mort.

    Chez Romain, il y a une dualité entre son optimisme combatif et une tendance nostalgique qui évoque déjà la mort et des tendances suicidaires. Ainsi lorsqu'il surprend sa mère entrain de racler la graisse avec un bout de pain dans la poêle, il comprend qu'elle se sacrifie pour lui. Il en est tellement bouleversé qu'il a envie de se jeter sur la voie de chemin de fer. Plus tard, lorsqu'il s'abritera sous l'échafaudage en bois pour oublier l'altercation de sa mère avec les voisins, il aura envie de faire tomber cet échafaudage sur lui pour oublier...

    - Sa résistance face à la mort : une volonté de survivre pour l'amour de sa mère et le besoin de réussir.

    - La mort et le chagrin : elles alimentent sa création littéraire. En parallèle, la création littéraire lui permet d'oublier les vicissitudes de la vie et le néant qui l'entoure.

  5. 5

    Que penser de la phrase de Gary :

    " La vie est jeune ". En vieillissant, elle se fait durée, elle se fait temps.

    - La jeunesse de Romain et les temps heureux à Paris lorsqu'il est étudiant. Certes, l'argent manque parfois, mais le monde est à lui. Il exercera plusieurs métiers : réceptionniste, livreur, garçons de café comme s'il était pris dans un tourbillon, une vie de bohème, mouvementée et heureuse à la fois.

    - La jeunesse appelle l'amour, l'amour entier et naïf à la fois. Il croit aux mensonges de Brigitte, sa maîtresse qui lui dit rendre visite à une vieille dame tous les soirs.

    - L'audace de la jeunesse. Lorsqu'il a faim, il ose se rendre dans un café et vider la corbeille de croissants en déclarant au serveur qu'il en a mangé un seulement.

    - Il console le vieil amant trompé par sa jeune maîtresse en alléguant que lui-même a été trompé pour des hommes plus mûrs. Un mensonge qui lui permet d'attiser son amitié et de surtout de partager un bon repas.

    - Romain n'aime pas la vieillesse; ainsi il n'aurait jamais pu avoir une relation incestueuse avec sa mère, confie-t-il.

    Il pressent à vingt ans qu'il a une joie de vivre et que la maturité ne l'intéresse pas du tout.

    La durée et le temps évoquent longueur, retour au passé , aux moments de la vie, aux souvenirs, aux blessures . La retrospective perd la spontanéité de la jeunesse.